Une charte pour éviter la séparation entre le nouveau-né hospitalisé et ses parents
Tisser des liens entre le nouveau-né et sa famille, dès les premiers instants de la vie, est crucial pour le bon développement d’un bébé. L’hospitalisation du nouveau-né nécessite une étroite coopération entre les parents et les soignants pour donner au bébé les meilleures chances de bien grandir. La charte du nouveau-né hospitalisé est construite autour des besoins essentiels du bébé et repose sur le principe du « zéro séparation ».
Le secrétaire d’État à l’Enfance, l’association SOS Prema et la Société Française de Néonatalogie (SFN) ont présenté le 17 novembre 2021 la charte du nouveau-né hospitalisé dont le principal objectif est d’éviter la séparation du nourrisson avec ses parents.
Construite en 10 points autour des besoins essentiels du bébé, cette charte s’appuie sur la « théorie de l’attachement » qui atteste que, pour avoir un développement optimal, sur les plans social, affectif et cognitif, un nouveau-né doit établir une relation continue avec ses parents. Ainsi, la charte prévoit une présence continue, 24h sur 24, d’au moins l’un des parents auprès de l’enfant, ou d’une personne de confiance. Elle favorise la création du lien d’attachement du bébé avec ses parents (contact physique, contact peau à peau quotidien, bercement, échanges vocaux, alimentation). La charte énonce la participation des parents aux soins et reconnaît leur rôle protecteur dans la prise en charge de la douleur du nourrisson en étroite coopération avec les soignants.
La charte sera diffusée dans 490 services de néonatalogie en France. Elle s’inscrit dans la continuité du parcours des 1 000 premiers jours, au centre d’une nouvelle politique de prévention.
Consultez la Charte du nouveau-né hospitalisé .
À noter : Près de 10 % des naissances sont suivies d’une hospitalisation : sur 740 000 naissances par an en France, on compte 75 000 nouveau-nés hospitalisés dont 60 000 naissances prématurées.
Rebond épidémique : les nouvelles mesures annoncées
Rappel vaccinal pour tous les adultes dès 5 mois après leur dernière injection, passe sanitaire conditionné à la dose de rappel à partir du 15 janvier 2022, durée de validité des tests de dépistage réduite à 24h pour le passe sanitaire des personnes non vaccinées, port du masque obligatoire partout en intérieur… Face à la 5e vague et à la reprise de l’épidémie de Covid-19, de nouvelles mesures ont été annoncées par le ministre de la Santé et le ministre de l’Éducation nationale lors d’une conférence de presse du 25 novembre 2021.
Face à la flambée de l’épidémie de Covid-19 de la 5e vague , le jeudi 25 novembre 2021, le ministre de la Santé a annoncé de nouvelles mesures destinées à freiner la circulation du virus, et notamment :
- le rappel vaccinal est ouvert à tous les adultes dès 5 mois après leur dernière injection à partir du samedi 27 novembre. Les personnes de plus de 65 ans, pour lesquelles le rappel vaccinal était déjà ouvert depuis septembre, pourront désormais recevoir leur dose de rappel 5 mois après la dernière injection, et non plus 6 ;
- toutes les personnes âgées de plus de 18 ans devront avoir reçu une dose de rappel au maximum 7 mois après leur dernière injection pour bénéficier d’un passe sanitaire valide à compter du 15 janvier 2022. Par exemple, quelqu’un qui a reçu sa 2e dose le 1er juillet pourra avoir la 3e à partir du 1er décembre, et devra forcément la faire avant le 1er février 2022 pour conserver son passe sanitaire ;
- la durée de validité des tests négatifs au Covid-19 ouvrant droit au passe sanitaire est réduite à 24 heures au lieu de 72 heures ;
- le port du masque obligatoire partout en intérieur, y compris dans les lieux qui exigent le passe sanitaire.
Par ailleurs, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé que les classes de primaire ne fermeront plus dès le 1er cas de Covid-19. Un dépistage systématique de toute la classe aura lieu et seuls les élèves présentant un test négatif pourront revenir en classe.
Mercedes EQS : premières impressions
L’EQS cumule les superlatifs, tant au niveau de sa technicité que de son prix très élevé. La routière électrique de Mercedes, qui innove sur de nombreux points, est très agréable à conduire et dispose d’une autonomie record.
Le monde des voitures électriques évolue et les dernières-nées sont désormais de vraies versions électriques : développées dès les premiers traits de crayon dans les bureaux d’études en tant que voitures électriques, ce ne sont plus des modèles thermiques simplement électrifiés. Comme la Hyundai Ioniq 5, la Kia EV6 ou encore la Volkswagen ID3, l’EQS est donc une électrique créée pour l’occasion : plateforme, style, intérieur, motorisation et batteries, tout a été pensé depuis une page blanche. Et ça se voit. Déjà par le style très aérodynamique qui témoigne de la performance du constructeur : la routière affiche un Cx, coefficient de pénétration dans l’air, jamais atteint de 0,20 ! Ensuite par son intérieur très technologique et la possibilité d’obtenir une planche de bord intégrant 3 écrans : le combiné d’instruments, l’écran central et un dernier pour le passager. Enfin, par sa motorisation, plus précisément sa batterie qui dispose de la plus grosse puissance du marché, tous modèles confondus : 108 kWh.
Qualité de vie à bord
L’intérieur de l’EQS est très agréable et ne souffre pas vraiment de critique. Les matériaux sont de très bonne qualité et l’agencement très abouti. Notre voiture, une 480+, avait la chance de recevoir l’Hyperscreen proposé en option (sans cet écran, l’EQS reprend le design intérieur de la Classe S) pour, accrochez-vous bien, 8 650 € ! Un prix qui laisse pantois mais qui se justifie par la technicité utilisée. Il s’agit en fait d’une énorme dalle en verre (plus de 1,4 m de large) qui fait office de planche de bord et qui reçoit trois écrans OLED (technologie haut de gamme utilisée notamment pour les téléviseurs) : le combiné d’instruments pour le conducteur (12,3 pouces), l’écran central, tactile il va de soi, pour le multimédia et, c’est une première, un écran de 12,3 pouces pour le passager. Ce dernier pourra donc accéder à toutes les informations multimédias mais aussi de navigation, chauffage… et même regarder une vidéo. Dans ce cas-là, si le conducteur tourne la tête pour regarder les images, l’écran se fige. Le mouvement de la tête du conducteur est en effet détecté par la caméra intérieure initialement dédiée au système de surveillance de vigilance.
L’ergonomie de l’Hyperscreen est assez intuitive et la surface dédiée à la carte de navigation est importante (17,7 pouces) ce qui permet d’avoir une image précise de la route. À noter que les icônes des fonctions les plus utilisées apparaissent en bas afin de permettre un accès rapide à ces fonctions. Ce qui évite d’aller chercher dans le menu.
Le volant dispose des commandes désormais classiques chez Mercedes : celles de gauche gèrent l’affichage du combiné d’instruments et le régulateur de vitesse, celles de droite, l’écran central et le multimédia. Si le principe est simple, le nombre de touches demande un peu d’habitude. De même les commandes sensitives doivent être apprivoisées pour arriver à un réglage précis, notamment pour le son. Reste toutefois le système d’assistance vocale Hey Mercedes qui permet de gérer pas mal de fonctions. Ce dernier progresse à peine par rapport à la dernière génération proposée sur la Classe S mais il s’enrichit de vocabulaire pour devenir plus fluide et facile à gérer.
Côté habitabilité, l’EQS rate de peu le sans-faute. S’il n’y a aucune critique particulière à faire au niveau de l’espace et du confort des places avant, c’est à l’arrière que le bât blesse. En effet, si ces places sont très confortables, la garde au toit est un peu juste pour les plus grands. En cause, la ligne très plongeante à l’arrière (qui participe grandement au très faible Cx de la voiture) qui se fait au détriment de l’habitabilité. Les passagers mesurant plus de 1,75 m pourraient donc être gênés.
Enfin, le volume de coffre est de bon niveau et dispose de 610 litres de rangement. Un volume qui passe à 1 770 litres une fois les sièges arrière rabattus.
Au volant
La Mercedes EQS est proposée avec deux puissances de moteur électrique : la 450+ de 333 ch (245 kW) en deux roues motrices (propulsion) et la 580 4Matic (quatre roues motrices) de 524 ch (385 kW). Les deux reçoivent une batterie de 108 kWh, la plus puissante disponible actuellement sur une voiture électrique. Cela lui confère, selon les annonces du constructeur et le protocole WLTP, 780 km d’autonomie pour la 450+ ou 676 km sur la 580 4Matic. Nous avons pris le volant de la version 450+ et n’avons pas réussi à constater cette autonomie record. Lors de notre parcours, sur plus de 800 km au total, nous avons réalisé une consommation moyenne de 21 kWh. Et cela, sans faire particulièrement attention à notre style de conduite sur des routes de campagne et des autoroutes, comme si nous roulions avec une voiture à moteur thermique. C’est donc plutôt pas mal au regard des 2 500 kg de la routière. Cette consommation électrique se traduit par une autonomie totale de moins de 520 km réels. Là encore, même si on est un peu loin du chiffre annoncé, c’est la meilleure performance de toutes les voitures électriques que nous avons conduites.
Question recharge, l’EQS peut être rechargée jusqu’à 200 kW sur des bornes de charge rapide à courant continu. Ainsi, après seulement 15 minutes, on récupère, selon le constructeur, jusqu’à 300 km supplémentaires (comptez environ 200 km en réel, ce qui reste correct). Sinon, l’EQS peut être rechargée à la maison ou sur des bornes de recharges publiques jusqu’à 22 kW avec du courant alternatif à l’aide du chargeur embarqué (le chargeur embarqué de 22 kW est en option, sinon il est de 11 kW de série). À noter que le système de navigation avec la fonction « electric intelligence » planifie l’itinéraire le plus rapide en tenant compte des arrêts de recharge. Et cela, en fonction de nombreux facteurs comme les embouteillages ou le changement de style de conduite. Une nouveauté sur l’EQS : la possibilité de visualiser si la capacité de la batterie disponible est suffisante pour revenir au point de départ sans recharge.
Mercedes innove aussi sur la durée de garantie de la batterie, supérieure aux autres modèles électriques : 10 ans ou 250 000 km, pour une capacité minimale de 70 %.
À bord de notre 450+, nous avons été assez bluffés par le silence. Mais nous avons été un peu déçus d’apprendre que c’était en partie grâce à l’option « vitrage feuilleté » facturé 1 400 € : c’est le prix du silence. Nous aurions aimé pouvoir conduire un modèle sans cette option pour noter la différence.
Le confort de la routière est d’un excellent niveau et quel que soit le type de routes empruntées, les passagers seront au mieux pour voyager dans d’excellentes conditions. Le seul défaut que nous avons constaté au niveau de la conduite concerne le freinage. Déjà, la course à la pédale est assez longue et il faut l’enfoncer de presque moitié pour engendrer un ralentissement important. Ensuite, lors des phases de ralentissement, là où on lève le pied de l’accélérateur et où la régénération se met en route, la pédale s’enfonce toute seule. Il faudra donc aller la chercher plus loin en cas de nécessité. C’est perturbant.
Sécurité
L’EQS intègre le dernier cri en matière de sécurité active comme passive, toutes deux adaptées aux particularités de l’électrique. Ainsi, la plateforme a été pensée pour recevoir la batterie et la protéger au mieux. Pour limiter le poids, l’aluminium est omniprésent, pour les pièces de carrosserie comme pour la structure (longerons par exemple). Des renforts en acier à haute résistance sont utilisés dans le plancher principal. Ainsi, en cas de choc latéral, la faible déformation de la structure permettra de protéger les occupants, mais aussi la batterie. En plus des airbags conducteur et passager avant, rideaux et médian (entre le conducteur et le passager), un airbag genoux côté conducteur est également de série. En option Mercedes propose un airbag de ceinture.
Côté sécurité active, la routière électrique dispose de tout l’arsenal imaginable. Le système de protection préventive des occupants est de série et limite les effets d’un choc sur les occupants.
La Mercedes EQS en résumé
Autant crever l’abcès tout de suite, la Mercedes EQS est très chère : 127 250 € pour la petite EQS 450+ et 152 800 € pour la EQS 580 4Matic. À cela il faudra ajouter le prix des options. Et là aussi, ça peut faire mal au porte-monnaie. À ce prix-là, on a droit à des prestations de très haut niveau, souvent inégalées par ailleurs, et à un confort exemplaire. Le silence de fonctionnement est impressionnant (avec option vitrage feuilleté) et l’agrément de conduite est un modèle du genre. Néanmoins, vu le nombre de systèmes embarqués, l’ergonomie est un peu complexe et il faudra une certaine habitude pour tout maîtriser.
Les +
- Autonomie
- Temps de charge
- Qualité de fabrication
- Confort de roulage
Les –
- Prix
- Ergonomie à apprivoiser
- Hauteur sous toit à l’arrière
Affichage nutritionnel : l’Autorité italienne de la concurrence mène la charge contre le Nutri-Score
Le logo nutritionnel aux cinq couleurs fait l’objet d’une procédure pour pratique commerciale potentiellement irrégulière en Italie. Derrière cette offensive juridique, le poids de la filière agroalimentaire, opposée à cet étiquetage nutritionnel.
On savait l’Italie vent debout contre le Nutri-Score. Au pays des charcuteries, du parmigiano, de l’huile d’olive et de multinationales comme Ferrero (Nutella), gouvernements successifs et élus de tous bords politiques relaient sans complexe les arguments des industriels de l’agroalimentaire farouchement opposés au Nutri-Score. Mais aux déclarations à l’emporte-pièce et aux obstructions au niveau de l’Union européenne (UE) s’ajoute désormais une offensive juridique.
Le 22 novembre, l’Autorité de la concurrence italienne a ouvert une procédure contre les produits français Dukan (1) suite à des signalements du syndicat italien des coopératives agricoles Confagricoltura et d’une petite association de consommateurs. Mais les griefs ne tournent pas autour des allégations potentiellement problématiques avancées par la société Dukan. Ils ciblent uniquement le Nutri-Score, apposé par la marque sur ses produits. Son affichage serait potentiellement une « pratique commerciale déloyale ».
Arguments de l’agroalimentaire
L’autorité italienne ne fait pas preuve de grande originalité : elle reprend les argumentaires maintes fois utilisés par les filières agroalimentaires de différents pays européens. Ainsi, elle reproche au Nutri-Score de calculer un score pour 100 g d’aliment, et non selon la taille de la portion. Ce qui serait pourtant un non-sens selon elle pour comparer deux produits entre eux. Elle lui reproche également de ne pas apporter d’informations sur la quantité et la fréquence recommandées, de n’être pas « accompagné d’avertissement ou précision qui permette de contextualiser cette quantité et son apport nutritionnel » et de donner un « jugement absolu » sur la qualité d’un produit. Mais un étiquetage simplifié est… simplifié ! Il ne peut transmettre l’ensemble des recommandations pour une alimentation saine et équilibrée en un logo.
L’un des arguments est plus étonnant. Selon l’avis, le logo « suggère et implique l’existence d’une relation directe entre l’aliment et la santé », ce qui est vrai. Mais l’Autorité estime que cela peut induire le consommateur en erreur, le portant à croire que « le produit ‒ simplement parce qu’il est marqué des couleurs vertes ou des premières lettres de l’alphabet ‒ est le meilleur pour sa santé et, en tout cas, qu’il est à préférer à d’autres aliments dépourvus de ce marqueur ». Ce qui aurait pour conséquence de « favoriser l’achat des produits classés « verts » et désavantager les produits classés « jaunes/oranges/rouges » ». On n’ose rappeler que c’est précisément l’objectif…
Validé par la Commission européenne
Mais l’Autorité va plus loin. Elle sous-entend que le Nutri-Score n’est pas étayé scientifiquement, et qu’il pourrait donc « véhiculer des informations trompeuses et incomplètes, susceptibles d’altérer de manière significative la capacité du consommateur à faire un choix éclairé ». C’est oublier un peu vite que le Nutri-Score a été validé par la Commission européenne, et le principe d’un étiquetage nutritionnel simplifié, voté par le Parlement européen. Serge Hercberg, professeur émérite de nutrition à l’université Sorbonne-Paris Nord et concepteur du Nutri-Score, souligne que « la Commission n’a pas bloqué » le Nutri-Score quand il a été notifié par les États membres qui souhaitaient le mettre en œuvre, « ce qui montre qu’il n’y a pas d’incohérences par rapport à la réglementation ».
Étiquetage nutritionnel unique au sein de l’UE
Cette nouvelle offensive est à replacer dans un contexte européen, alors que la Commission européenne doit réviser le règlement INCO d’ici fin 2022 et décider d’un étiquetage nutritionnel unique au sein de l’UE. L’Italie est le principal opposant de ce système. Et les politiques transalpins n’y vont pas de main morte, transformant l’enjeu sanitaire en défense des intérêts de la nation. Députés, eurodéputés, ministres, tous multiplient les attaques. Jusqu’au Premier ministre Mario Draghi, qui tient à rassurer les parlementaires sur le fait que le gouvernement est tout à fait conscient de la « gravité » que représenterait le Nutri-Score pour sa filière agroalimentaire – dont certains produits phares sont mal notés. Pour ne pas le citer, Ferrero est tout-puissant dans la Botte, avec des relais au sein du gouvernement. Les partisans du logo, y compris les nutritionnistes, n’osent plus s’exprimer de peur de représailles, signale Serge Hercberg : « En Italie, la pression du gouvernement est très forte. Il utilise la pseudo-défense des produits traditionnels pour torpiller le Nutri-Score, car ce logo dérange leur industrie alimentaire. Depuis toujours, l’Italie bloque les mesures de santé publique touchant ses intérêts économiques. Mais cela prend une ampleur considérable pour le Nutri-Score ! »
Cette stratégie porte ses fruits. L’Italie a réussi à rallier plusieurs pays contre le Nutri-Score : la Grèce, la Roumanie, la Hongrie, la République tchèque… Au point de tétaniser la Commission et les autres pays, et de scléroser tout débat au niveau de l’Europe. Même le ministre français de l’Agriculture semble prêt à basculer… Julien Denormandie avait déjà soutenu l’initiative des filières fromagères AOP, fragilisant de fait le Nutri-Score pourtant soutenu par le gouvernement français. Il a récidivé en déclarant récemment devant la Commission des affaires économiques « qu’il faut absolument revoir la méthodologie du Nutri-Score, fondé sur des volumes qui ne sont absolument pas conformes aux pratiques des consommateurs ». Ou à celles des industriels ?
(1) D’autres procédures ont été ouvertes contre les entreprises italiennes GS Spa, Carrefour Italia Spa, Pescanova Italia Srl et Valsoia Spa ; l’entreprise française Diet Lab Sas ; l’entreprise anglaise Weetabix Ltd. ; une entreprise allemande de confiseries et l’application Yuka (qui s’est lancée sur le marché italien).
Black Friday 2021 : des fausses promos à gogo
40, 50, 60 % de réduction voire plus, le Black Friday, c’est LE jour des bonnes affaires. En tout cas, c’est ce que cherchent à faire croire les marchands et e-commerçants qui multiplient, ce jour-là, les promotions incroyables. La réalité est toutefois bien moins reluisante.
Les marchands ont beau nous abreuver de promotions depuis plusieurs semaines, le Black Friday (« vendredi noir » en anglais), c’est aujourd’hui officiellement. À coups de publicités alléchantes et de fausses promos qui donnent le tournis, les marchands cherchent à inculquer dans les esprits que c’est le moment ou jamais de faire de bonnes affaires.
Certes, il y a bien quelques sites qui jouent plus le jeu que d’autres. Sur Amazon, Boulanger, Connexion, Pulsat ou encore Ubaldi, la majorité des promotions affichent des taux de réduction plus modestes (de l’ordre de 10 à 20 %), mais qui correspondent plus à la réalité. Toutefois, chez la plupart des marchands, le consommateur doit toujours faire preuve de méfiance. Nos enquêtes montrent systématiquement qu’au-delà de 20 % de réduction, le risque de tomber sur une fausse promotion est quasiment inévitable. Cela ne signifie pas qu’au final vous ne ferez pas une bonne affaire, mais qu’elle sera loin d’être aussi intéressante que ce que promet le marchand.
Comme nous le faisons depuis 5 ans, nous avons fait un tour des offres mises en avant par les e-commerçants ce matin. Et une fois de plus, il n’a pas fallu chercher beaucoup pour tomber sur des réductions mensongères. Voici 4 exemples pris au hasard.
Auchan : un prix de référence au doigt mouillé
Alors que les marchands sont tenus de justifier la réalité du prix de référence (ou prix barré), Auchan.fr ne prend pas cette peine. Impossible de savoir où et quand cette centrale vapeur a été vendue au prix de 299 €. En revanche, ce que l’on sait, c’est qu’on la trouve au même moment à moins de 200 € chez au moins deux autres marchands et qu’en avril-mai, Auchan.fr la vendait 202,84 €, soit une réduction de 12 %, et non de 40 %.
Cdiscount : la marketplace a bon dos
À en croire Cdiscount, ce téléviseur serait vendu en moyenne 900 € sur sa marketplace. Si plusieurs marchands le vendent en effet à ce prix-là, voire un peu plus cher, beaucoup le vendent à un tarif nettement inférieur. D’ailleurs, Cdiscount lui-même le vendait à 549,99 € depuis le 24 octobre, avant de baisser son prix à l’occasion du Black Friday, soit une réduction réelle de seulement 3,6 %.
Conforama : on ressort les vieilles références
Chez Conforama, on profite du Black Friday pour refourguer de vieux modèles, à l’image de cette table de cuisson dont la première commercialisation date d’il y a 4 ans et qu’il est aujourd’hui le seul à vendre. Du coup, il peut jouer à sa guise avec le prix d’origine, et il ne s’en prive pas. Alors que depuis 2017, elle était vendue partout entre 259 et 279 €, Conforama l’a proposée à 379,99 € 30 jours avant le Black Friday avant de la passer à 199,99 € il y a quelques jours, soit une réduction affichée de 48 %. Sauf que si l’on compare avec le prix le plus fréquemment pratiqué depuis 4 ans, on est plutôt sur du 23 % de remise.
MDA Électroménager : la ristourne fantôme
Mais d’où peut bien venir le prix d’origine de 699,99 € affiché par MDA Électroménager ? Mystère. Le site ne le précise pas. En revanche, il prend bien la peine de mettre en avant sa promotion de 29 %. Pourtant, depuis au moins 1 mois, la plupart des sites vendent ce même lave-linge au prix de 500 €, sans promotion. Bref, 500 €, c’est son prix !
Bientôt la fin des promos bidon ?
Actuellement, la législation est tellement floue qu’un marchand peut afficher le prix de référence qu’il souhaite. Sa seule obligation est de pouvoir justifier qu’il n’est pas fantaisiste. Dans la réalité, certains prennent pour référence le prix le plus élevé appliqué chez les concurrents, le prix de vente indicatif proposé par le fabricant (même si aucun site ne l’a jamais appliqué), voire vont jusqu’à relever le prix de vente sur leur site pour pouvoir ensuite afficher une baisse substantielle.
À partir de l’année prochaine, les règles du jeu vont changer. L’UFC-Que Choisir a en effet obtenu que la directive Omnibus, adoptée par l’Union européenne, intègre des dispositions plus restrictives en matière d’encadrement des promotions. Celle-ci doit encore être transposée dans le droit français pour une entrée en vigueur au plus tard en mai 2022. Si on ne connaît pas encore précisément les détails de la future législation, les marchands devraient a minima être contraints de prendre comme référence le prix le plus bas pratiqué dans les 30 jours précédant la promotion. Certes, ils risquent de pouvoir encore gonfler leurs ristournes en manipulant leurs propres prix de vente, mais au moins, ils ne pourront plus utiliser comme référence le « prix fabricant » ou celui appliqué par des concurrents.
Marché immobilier : les ventes de logements classés F et G explosent
C’est une sorte de dégât collatéral de la transition énergétique. L’interdiction à venir de louer des logements classés passoires thermiques pousse leurs propriétaires à les mettre en vente. Ce qui n’améliore en rien le confort de ces biens notés F ou G par le diagnostic de performance énergétique !
Le résultat de la loi Climat et résilience ne s’est pas fait attendre. Alors qu’elle gèle le loyer des logements classés F ou G dès 2022, qu’elle interdit leur mise en location dès 2025 pour ceux qui sont notés G, dès 2028 s’ils sont en F et 2034 s’ils écopent d’un E, de nombreux propriétaires préfèrent s’en débarrasser au plus vite. Avoir à se lancer plus ou moins rapidement dans des travaux de rénovation énergétique d’ampleur ou à se soumettre dès l’an prochain à un audit énergétique pour vendre son bien classé F ou G n’a pas l’air de séduire grand monde.
L’effet de la loi sur le marché immobilier s’est même fait sentir avant que la loi ne soit adoptée en août dernier. Les discussions au Parlement, abondamment commentées dans la presse, ont suffi à convaincre de nombreux propriétaires de vendre leurs biens. Le nombre de logements mal classés proposés à la vente a en effet bondi dans de nombreuses grandes villes entre septembre 2020 et octobre 2021, selon le site d’annonces immobilières Seloger.com. Par exemple de 74 % à Rennes, 72 % à Paris, 70 % à Nantes, 66 % au Havre, 56 % à Argenteuil, 43 % à Toulouse et Lyon, 41 % à Lille. Le phénomène semble s’être encore accéléré au cours de ces derniers mois.
Conséquence, sauf en zone très tendue, le prix de vente de ces biens va baisser. Quant à l’offre locative, elle est bien partie pour se réduire. Des effets que le parlement n’avait sans doute pas anticipés en adoptant la loi Climat et résilience.
Billet de notre Président national : glyphosate, ras-le-bol du double discours des pouvoirs publics français !
L’autorisation d’utiliser le glyphosate expirant fin 2022, les autorités européennes ont lancé la procédure de réévaluation de cette substance. Mais alors que vient de s’achever une consultation du public sur des aspects scientifiques particulièrement ardus, je ne peux que dénoncer cette parodie d’apparence démocratique qui masque bien mal la volonté délibérée des autorités européennes mais aussi françaises de réautoriser le glyphosate. Quoi qu’il en coûte.
Pourtant, depuis l’alerte lancée en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) le classant comme cancérogène probable, les preuves de l’omniprésence de ce pesticide dans les aliments et autres produits de grande consommation se sont accumulées. En 2016, une ONG environnementale allemande et nos homologues de Suisse romande, dénonçaient sa présence dans la totalité des bières analysées à des doses allant jusqu’à 300 fois la limite définie pour l’eau potable ! De même, les tests comparatifs réalisés par l’UFC-Que Choisir ont mis en évidence sa présence dans des produits aussi divers que des couches pour bébé (2018), des mueslis, des steaks de soja (2019) ou encore du thé (2021).
Parallèlement, dès 2017 les consommateurs ont massivement exprimé leur volonté de voir interdire le glyphosate à travers la pétition lancée au niveau européen par les ONG environnementales qui a suscité pas moins de 1,3 million de signatures. Se faisant l’écho de cette demande citoyenne, le Parlement européen a exigé une refonte et la transparence totale des procédures d’autorisation des pesticides, plus particulièrement pour le glyphosate. Mais faisant fi de ces appels, les autorités européennes ont non seulement prolongé en 2017 l’autorisation du glyphosate pour 5 ans, mais elles n’ont rien changé, ou à la marge, aux procédures d’examen des pesticides qui restent toujours scandaleusement lacunaires. Ainsi Générations Futures vient de démontrer que les quatre États membres, dont la France, chargés de préparer le dossier scientifique ont fait preuve d’un déplorable parti pris en ne piochant que 30 études scientifiques indépendantes sur le sujet parmi les 7 000 réalisées (soit seulement 0,4 %), alors qu’ils ont gardé la totalité des études transmises par les fabricants de pesticides. Cette manière scandaleuse de sélectionner les études explique que le rapport préliminaire publié en septembre dernier sur le site internet de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) puisse affirmer benoitement « qu’aucune classification de danger cancérogène n’est justifiée pour le glyphosate ».
Pour en finir avec le glyphosate, l’UFC-Que Choisir, au côté de 36 ONG, a soutenu une nouvelle pétition qui en à peine plus d’un mois a déjà réuni 345 000 signataires. Nous exigeons bien entendu que cette forte attente consumériste et les études indépendantes alarmantes soient prises en compte dans le cadre de la consultation européenne. Pour autant, nous ne sommes pas dupes de la réautorisation qui se profile sur la base d’un dossier scientifique outrageusement biaisé. Car au-delà des annonces présidentielles abondamment relayées, en premier lieu d’une interdiction du glyphosate, et maintenant d’une sortie généralisée des pesticides, c’est en réalité un énième triomphe du lobby agro-industriel des pesticides qui se prépare avec le soutien actif des pouvoirs publics français. Combien de temps encore la société française acceptera-t-elle cette duplicité contraire à l’intérêt public ? C’est pourquoi, fort de cette volonté déterminée des consommateurs français, j’exhorte le Président Emmanuel MACRON à honorer son engagement de sortir des pesticides et en conséquence à s’opposer publiquement au renouvellement de l’autorisation de ce pesticide toxique en Europe, dont la France assurera la Présidence en janvier, pour obtenir son interdiction dès 2023.
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir
Wish.com : vers un déréférencement inédit
Trop de produits vendus sur cette plateforme sont dangereux. La répression des fraudes a demandé son déréférencement des moteurs de recherche, avant peut-être son interdiction pure et simple. Une première en France.
D’ici quelques jours, vous aurez beau rechercher des produits au meilleur prix sur Google ou ailleurs, les articles vendus sur la plateforme Wish ne devraient plus apparaître dans les pages de résultats. Selon nos confrères du journal Le Parisien, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ordonné aux moteurs de recherche de supprimer tous les liens renvoyant vers ce site. Dans le même temps, l’application Wish devrait aussi disparaître des boutiques d’applications sur mobile.
La DGCCRF justifie sa décision par la présence sur cette plateforme de nombreux produits non conformes, voire dangereux. Sur 140 articles achetés sur Wish dans le cadre d’une campagne de vérification, 90 % des appareils électriques, 62 % des bijoux fantaisie et 45 % des jouets présentaient un danger potentiel pour leurs utilisateurs. La DGCCRF dénonce notamment des défauts électriques, la présence de produits cancérogènes ou d’éléments trop facilement détachables. Suite à une première alerte, les produits incriminés avaient été retirés, mais la plupart étaient réapparus rapidement sous d’autres noms, parfois par les mêmes vendeurs. Face à l’absence de mesures efficaces permettant de bloquer la commercialisation des produits dangereux en France, la DGCCRF a demandé aux moteurs de recherche de déréférencer la plateforme basée aux États-Unis. Une mesure inédite en France pour un site de cette ampleur.
Des problèmes connus depuis longtemps
Wish ne va toutefois pas disparaître complètement d’Internet. Il sera toujours possible d’accéder au site en tapant son URL dans la barre d’adresse de son navigateur ou en cliquant sur l’une des nombreuses publicités présentes sur Internet. Quant à ceux qui ont téléchargé l’application Wish, ils pourront continuer à l’utiliser normalement. Mais Wish sera moins visible. Et ce n’est peut-être qu’un début. Sur France Info mercredi matin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire menaçait de bloquer l’accès au site sur le territoire français si rien n’était fait.
À l’UFC-Que Choisir, Wish, on connaît ! Dès le début, nous avons suivi avec une certaine circonspection l’ascension fulgurante de cette plateforme de e-commerce spécialisée dans la vente de gadgets bas de gamme, le plus souvent en provenance directe d’usines chinoises. En 2018, nous dénoncions déjà la présence de produits dangereux ou contrefaits, de fausses promotions, d’allégations mensongères et d’avis trafiqués. En février 2020, nous relayions une étude du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), dont fait partie l’UFC-Que Choisir, révélant que sur 250 produits achetés sur des marketplaces, dont Wish, les deux tiers s’étaient révélés potentiellement dangereux. Et pour couronner le tout, Wish arrive régulièrement en queue de notre comparateur des sites marchands. Les cyberacheteurs sont très nombreux à dénoncer des retards de livraison, des descriptions qui ne correspondent pas à la réalité des produits et un rapport qualité-prix pas si bon que cela au final. Reste à savoir le déréférencement annoncé aura bien lieu et, si tel est le cas, s’il permettra vraiment d’améliorer la situation.
Débits 5G : on est loin du compte !
Des mesures de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) prouvent que seule une petite partie des abonnés à la 5G profitent de débits vraiment plus élevés. Chez Free mobile, la 5G est même moins rapide que la 4G.
Oui, la 5G permet de bénéficier de débits plus élevés que la 4G. Mais pas partout en France, pas chez tous les opérateurs et pas non plus dans les proportions attendues. La dernière version de l’enquête Qualité des services mobiles que vient de rendre publique l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) prouve, comme le prédisait l’UFC-Que Choisir, que le consommateur doit être particulièrement attentif s’il veut vraiment profiter des atouts de la 5G.
Des débits 5G décevants
Si l’Arcep note une « nette progression de la qualité des services mobiles » en 1 an, on est loin du compte en ce qui concerne la 5G. Il faut dire que certains opérateurs n’hésitaient pas à promettre des débits « jusqu’à 3 fois plus rapides que la 4G ». Or, dans la pratique, on est plutôt sur une augmentation du débit de l’ordre de 50 % dans le meilleur des cas, parfois beaucoup moins. Certes, ces données sont des moyennes. Il peut donc arriver que dans certaines situations, les performances soient bien meilleures, alors qu’à d’autres endroits, le débit sera plus faible, voire que le smartphone ne parviendra pas à capter le signal 5G. Globalement, Orange est l’opérateur qui fournit les meilleurs débits, 4G comme 5G, dans la plupart des zones, suivi par SFR et Bouygues. Free ferme la marche.
Les zones rurales encore plus délaissées
On savait que la 4G des champs allait nettement moins vite que celle des villes. Avec la 5G, l’écart est encore plus flagrant. Si la 5G permet de bénéficier de débits plus élevés dans les villes et dans les endroits touristiques, dans les zones les plus reculées, la différence entre 4G et 5G est nulle, quel que soit l’opérateur. Résultat : la 5G a tendance à accroître un peu plus les inégalités entre les villes et les campagnes. Certes, on peut espérer qu’au fur et à mesure que les opérateurs déploieront leurs antennes 5G sur l’ensemble du territoire, ces inégalités se résorberont peu à peu, mais d’une part ce n’est pas certain, d’autre part ce n’est pas demain que la situation deviendra plus acceptable.
Free mobile dans les choux
Free mobile a beau se féliciter de résultats qui « valident [sa] stratégie de déploiement », l’opérateur a tendance à ne voir que le verre à moitié plein. Certes, l’enquête de l’Arcep montre que les abonnés Free ont plus tendance que les autres à accrocher le signal 5G, mais elle montre surtout que les débits 5G offerts à ses abonnés, qu’ils habitent en ville ou à la campagne, sont les plus bas de tous. Pire encore, les clients 5G de Free bénéficient globalement de débits inférieurs à ceux dont profitent les abonnés 4G. Un comble ! Ces résultats catastrophiques sont le reflet de la technologie adoptée par Free mobile. L’opérateur est en effet le seul à avoir choisi de déployer la 5G sur la bande de fréquence des 700 Mhz. Cette solution lui a permis de couvrir rapidement et à moindre coût une large partie du territoire en 5G, mais ces fréquences, si elles peuvent en théorie diffuser de la 5G, sont incapables techniquement de proposer des débits élevés.
Au final, l’enquête de l’Arcep confirme les craintes de l’UFC-Que Choisir qui, dès l’année dernière, mettait en garde les consommateurs sur le peu d’intérêt que représente la 5G dans leur quotidien et sur les difficultés qu’ils risquaient de rencontrer pour faire le tri entre la bonne et la mauvaise 5G. Pour les aider à faire le bon choix et peser sur les pouvoirs publics, nous avons lancé l’application Queldébit. Plus vous serez nombreux à la télécharger (gratuitement !), plus nous disposerons de données fiables. Alors n’attendez pas.
Glyphosate : de nouvelles données décrédibilisent l’évaluation du risque
L’Autorité européenne de sécurité des aliments a publié en septembre une réévaluation apparemment rassurante des effets du glyphosate sur la santé. Mais une analyse de ce rapport réalisée par l’association Générations Futures met en doute la fiabilité de cette conclusion.
« Aucune classification de danger cancérogène n’est justifiée pour le glyphosate », juge un rapport préliminaire publié en septembre dernier par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Que cet herbicide soit cancérogène n’est donc, d’après le groupe d’évaluation du glyphosate en charge de l’identification de ses effets sanitaires et écologiques, ni probable, ni même possible.
Cette conclusion a certainement ravi l’agrochimie et l’agro-industrie, puisqu’elle offre la possibilité à la Commission européenne de prolonger ‒ d’ici fin 2022 ‒ l’autorisation d’emploi de ce best-seller mondial. Mais une analyse critique de ce rapport, réalisée par l’association Générations Futures, vient renforcer le doute – déjà soulevé par plusieurs polémiques passées ‒ concernant sa fiabilité. L’ONG, connue pour son combat contre les pesticides de synthèse, s’est en effet plongée dans une partie des documents de plusieurs milliers de pages publiés par l’Efsa, et en conclut à un « rapport gravement biaisé » (1), du fait d’une prise en compte de la littérature scientifique « non équitable entre les études universitaires et celles de l’industrie ».
Défauts méthodologiques
Selon Générations Futures, sur les plus de 5 000 publications académiques évoquant les effets sanitaires du glyphosate identifiées par les auteurs du rapport, moins de 100 auraient finalement été retenues comme pertinentes et suffisamment fiables pour les aider à juger des éventuels dangers du produit. Alors que, « à l’inverse, une majorité des études fournies par les producteurs de cet herbicide sont jugées assez robustes », compare Pauline Cervan, chargée de missions scientifiques et réglementaires pour Générations Futures et principale auteure de cette analyse critique. Résultat : « Les publications académiques se retrouvent noyées dans un nombre beaucoup plus important d’études fournies par les industriels. »
Et cet avantage donné aux résultats d’expérimentations fournis par les producteurs ne se justifie pas scientifiquement, si l’on en croit l’association. Car au-delà même du biais dont souffrent ces travaux ‒ les fabricants de glyphosate ayant tout intérêt à présenter des résultats rassurants ‒, leur méthodologie laisserait aussi souvent à désirer. Générations Futures cite l’exemple de dix études d’industriels menées sur des rongeurs pour évaluer les effets du glyphosate sur l’ADN, et qui ont été jugées fiables et pertinentes par les experts des agences réglementaires. Parmi ces dernières, neuf reposeraient sur l’analyse d’un nombre de cellules inférieur à celui recommandé par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui sert de référence à ces agences. Et une seule aurait fourni la preuve que les cellules en question avaient bien été exposées au glyphosate, contrairement aux recommandations méthodologiques de l’Efsa elle-même.
Bibliographie incomplète
À l’inverse, de nombreuses études académiques rejetées ne méritaient peut-être pas ce sort : pour identifier les dangers, le groupe d’évaluation du glyphosate n’aurait pris en compte ni les publications s’intéressant aux effets de ce produit sur des animaux non-mammifères, ni celles analysant ses mécanismes d’action au niveau moléculaire et cellulaire, ni celles réalisées hors de l’Union européenne, ni encore celles étudiant les effets d’herbicides à base de glyphosate non autorisés sur le Vieux Continent.
Autant d’études qui ont pourtant été jugées utiles par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) pour réaliser sa propre analyse et conclure, en 2015, que le glyphosate est probablement cancérogène. Des études également prises en compte par un comité d’experts, nommé par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour évaluer les effets sanitaires des pesticides, et qui concluait, en juin dernier, à un « niveau de présomption moyen » concernant la capacité du glyphosate à provoquer des lymphomes non hodgkiniens (un cancer de la lymphe).
Interrogée sur ces critiques, l’Efsa n’a pas souhaité commenter, mais tient à rappeler qu’une consultation publique a été ouverte sur ce projet de rapport, afin de « permettre la participation effective de toutes les parties intéressées au processus scientifique ».
Silence des experts
Les critiques émises à l’encontre de cette évaluation officielle du risque ne sont pas nouvelles. L’association PAN Europe (dont fait partie Générations Futures) avait par exemple déjà mis en doute, en juin dernier, la fiabilité de l’évaluation de l’Efsa concernant 12 autres pesticides (2), et l’Endocrine Society, une société savante réunissant des milliers de chercheurs à travers le monde, avait en début d’année fortement critiqué l’avis de l’Efsa sur la manière d’évaluer les risques liés à l’exposition à de faibles doses de produits (3).
Les institutions scientifiques, elles, préfèrent se taire. L’Inserm et le Circ, contactés, ont refusé de commenter les différences qui séparent leur méthodologie de celle employée dans la récente réévaluation publiée par l’Efsa. Quant à l’Agence française en charge de la sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), elle a mené, entre 2015 et 2016, une analyse critique de la fiabilité de l’évaluation du risque menée au niveau européen… mais il reste impossible d’en connaître la teneur, ce travail n’ayant finalement « pas été mené à son terme », d’après l’agence. De récentes révélations du journal Le Monde suggèrent plutôt que ce rapport aurait été « enterré ».
Dans ce contexte, la conclusion d’absence de risque cancérogène n’a pas rassuré les opposants au glyphosate : quelques semaines après sa publication, 37 organisations de la société civile (dont Générations Futures et l’UFC-Que Choisir) lançaient une nouvelle pétition appelant à l’interdiction de cet herbicide.
(1) Rapport de Générations Futures (fichier PDF)
(2) Rapport de PAN Europe (fichier PDF)
(3) Rapport d’Endocrine Society (fichier PDF)