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Retenues d’eau : forcing réussi des lobbys agro-industriels dans le Sud-Ouest

En prenant le parti de l’agriculture intensive qui veut multiplier les retenues d’eau à son seul profit, le comité de bassin Adour-Garonne renonce à sa mission première qui est de protéger la ressource en eau pour le bien de tous.

C’est une décision contre nature que le comité de bassin Adour-Garonne a prise le 10 mars dernier en modifiant in extremis le Sdage 2022-2027, un document essentiel puisqu’il encadre toutes les décisions susceptibles d’avoir un impact sur la ressource en eau. Il autorise en effet l’agriculture industrielle à s’accaparer la ressource en eau en créant de nouvelles retenues pour continuer à irriguer tant et plus.

Toutes les associations qui siègent à ce parlement de l’eau en Adour-Garonne, qu’elles soient environnementales ou de défense des consommateurs, dénoncent « un hold-up orchestré par le lobby de l’agriculture intensive avec le soutien du président de bassin et du préfet coordinateur de bassin ».

Elles s’en prennent à « l’irresponsabilité de la FNSEA [premier syndicat agricole], qui laisse croire que ces retenues seraient une solution réelle et incontournable au déficit en eau, au préfet et au président du comité de bassin, qui par leur soutien, laissent une minorité détourner un processus démocratique au détriment des autres usagers et de l’intérêt général ». Représentant de l’UFC-Que Choisir au comité de bassin, Gilbert Rieu pointe « un passage en force qui va dégrader la qualité de l’eau, nécessiter plus de traitements et coûter toujours plus cher aux consommateurs ».

Fuite en avant

Alors que le bassin Adour-Garonne est chaque été confronté à des tensions sur la ressource en eau, captée à 90 % pour les seuls besoins des irrigants, faire le choix d’une multiplication des retenues d’eau pour maintenir ce modèle, au lieu d’aller vers des cultures plus économes en eau en période d’étiage que le maïs, ressemble à une dangereuse fuite en avant. Adour-Garonne est d’ailleurs le seul bassin à avoir fait ce choix. Malgré les pressions et les tentatives du lobby agricole intensif, celui de Rhône-Méditerranée y a résisté, le préfet coordinateur et le président du comité de bassin n’ayant pas soutenu ce tripatouillage du Sdage. Les autres bassins, qui connaissent moins de tensions sur la ressource en eau en été, ont eu la chance de ne pas subir ces pressions.