Épargne : comment éviter les pièges des produits financiers en ligne
Les autorités de contrôle des marchés viennent à nouveau d’alerter sur les risques de l’investissement en ligne. Nos conseils pour éviter le pire.
Achat d’actions, titres ou parts de sociétés, crowdfunding (investissement participatif), investissements en biens divers (vin, forêt…), achat de cryptomonnaies (bitcoins…), investissement sur le Forex (marchés des changes), etc. Toutes ces opérations désormais réalisables sur Internet sans aucun contact avec un conseiller financier quelconque présentent des risques très importants comme vient de le rappeler un communiqué commun du 21 avril 2022 de l’Autorité de tutelle des marchés financier (AMF) et celle des établissements bancaires (ACPR). Ces dernières soulignent notamment avoir relevé de nombreuses lacunes dans l’information fournie et recueillie auprès des clients. Sans compter les alertes régulières de ces institutions sur des situations d’escroquerie.
Vérifier la compétence du prestataire
C’est la première précaution à prendre, tant les escrocs, soi-disant conseillers en investissement financier, pullulent sur Internet. L’autorité des marchés financiers publie une liste blanche et une liste noire des prestataires. La première regroupe les sociétés ayant obtenu un agrément pour vendre des produits financiers, la seconde tous les opérateurs se trouvant dans l’illégalité repérés par l’autorité. Si un opérateur appartient à la première liste, cela ne signifie pas qu’il faut abandonner toute prudence, mais s’il se trouve dans la seconde, une certitude : fuir absolument le site.
Une compréhension parfaite des risques
Ce point est essentiel. Dans l’espoir de réaliser des gains, trop de consommateurs ont tendance à plus se concentrer sur les bénéfices potentiels que sur les risques réels. Et ce d’autant plus que beaucoup de sites vont les encourager dans ce mauvais raisonnement. Or « les risques sont de manière générale peu visibles, lisibles et intelligibles », soulignent les autorités de contrôle. Ils sont en effet souvent présentés en bas de page et généralement sous forme de petits caractères (ou du moins de taille inférieure à la police utilisée pour le texte courant). Règle numéro un : lire impérativement l’intégralité des mentions du site, surtout celles en petits caractères ! Attention en outre de ne pas interrompre trop tôt la lecture. L’AMF a en effet constaté sur plusieurs sites que les risques étaient indiqués seulement après les liens permettant de souscrire aux produits… Avec, dans ces cas, une tendance élevée des clients à ne pas prendre connaissance de ces données essentielles.
Deuxième conseil : comprendre ce qu’on lit. Concrètement, il est indispensable de chiffrer précisément le risque maximum des pertes financières possibles. Peut-on perdre tout le capital investi ? Ou une fraction et dans ce cas laquelle ? La perte peut-elle être supérieure au montant investi ? Attention notamment à ce dernier risque dont ont été victimes de nombreux particuliers tentés par le Forex en ligne mais qui n’avaient pas mesuré l’ampleur de leur engagement. Sur ce marché, il est en effet tout à fait possible de perdre bien au-delà de l’argent investi, en raison de l’existence d’effets de leviers.
Attention aux tarifs
Sur ce point également, ce n’est pas la clarté qui règne. L’AMF note que de nombreuses tarifications avantageuses sont présentées dans les offres publicitaires. Problème, là aussi il existe souvent des précisions importantes formulées en petits caractères. Le tarif privilégié peut ainsi être subordonné à un nombre donné d’ordres passés. Ou seulement aux premières opérations.
Il est impératif de posséder la vision la plus claire possible sur ces informations. Ce qui n’est pas toujours le plus simple car la terminologie peut varier d’un site à l’autre ou se révéler extrêmement technique. Il ne faut pas hésiter à prendre un petit carnet pour tout noter. Montant des risques en euros, mais aussi tarifs précis selon chaque cas de figure. Cet exercice oblige à aller chercher des conditions tarifaires qui peuvent se cacher dans des renvois ou au sein d’explications qu’il faut apprendre à décoder.
Ne pas se fier aux performances passées
De nombreux prestataires de produits financiers appâtent les clients avec de superbes courbes de performance en hausse constante. Mais généralement sans préciser si ces gains tiennent bien compte de toutes les commissions, honoraires et frais… Il faut impérativement lire toutes les rubriques du site, car bien souvent ces « détails » essentiels sont dispersés à plusieurs endroits ! Il faut en outre vérifier l’ancienneté de la courbe : des rendements importants sur 1 ou 2 ans ne signifient pas grand-chose. Une courbe de performance ne commence à avoir véritablement d’intérêt qu’après 6 à 8 ans minimum.
Autres points de méfiance
Voici, en vrac, d’autres écueils à éviter, en faisant l’effort de poser par écrit ce que l’on a compris des conditions générales du contrat de souscription :
- conditions et délai de rétraction ;
- nature des garanties (en particulier pour les investissements les plus spéculatifs comme les bitcoins ou le Forex qui sont des marchés très volatils et où il n’existe a priori aucune garantie ni de protection du capital) ;
- montant du capital engagé ;
- durée de l’engagement ;
- modalités de paiement ;
- etc.