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Emballages : le Petit Marseillais comme du lait

La marque de produits d’hygiène lance des gels douche dans une « écorecharge 100 % recyclable ». Une fausse bonne idée : outre un soupçon de greenwashing, cet emballage peut être source de confusion avec une brique de lait végétal.

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La marque de cosmétiques et produits d’hygiène Le Petit Marseillais vient de sortir un tout nouvel emballage pour plusieurs gels douche. Problème, il ressemble en tout point à une brique de lait ou de jus de fruit. Ce packaging porte d’autant plus à confusion qu’il s’agit de « lait d’amande », de « fleur d’oranger bio », voire de « lait » tout court, des appellations évoquant les boissons végétales, relève Emballage magazine. Malgré la mention « ne pas ingérer », qui figure à côté du bouchon, un enfant ne sachant pas lire ou un adulte distrait ayant soif d’un rafraîchissement pourrait en avaler une gorgée par erreur. Un bouchon « sécurité enfant » aurait été un minimum.

Surtout, la réglementation (1) spécifie que des produits qui ne sont pas des denrées alimentaires mais qui peuvent être confondus avec des aliments ne doivent pas comporter de risques tels que l’intoxication ou l’étouffement… Compte tenu de la dimension du propriétaire de la marque, la multinationale américaine Johnson & Johnson, on peut s’étonner que son service juridique n’ait pas pris conscience de cette anomalie.

Une recyclabilité exagérée

Par ailleurs, présenter cette brique comme une écorecharge, qui plus est « 100 % recyclable », est quelque peu exagéré. En effet, cet emballage étant doublé d’une couche de plastique en plus du carton, donc composé de deux matériaux différents, il se recycle mal et échappe à la stratégie nationale 3R (pour réutilisation, réemploi et recyclage des emballages) définie par la loi antigaspillage pour une économie circulaire de 2020. Cette stratégie oblige les entreprises à réemployer au moins 10 % de leurs emballages d’ici à 2027, une mesure transitoire avant l’interdiction de tous les plastiques à usage unique en 2040.

Du carton dans la salle de bain

Attention également au gaspillage induit par le goulot, trop large pour un dosage parcimonieux du gel douche. Ce dernier est destiné à être transféré dans un autre contenant. Le Petit Marseillais présente d’ailleurs explicitement son nouvel emballage comme une recharge. Mais, à moins d’utiliser un bon entonnoir, le transfert d’un flacon à un autre sans perdre une goutte de gel douche risque d’être laborieux…

Malgré tout, ce nouveau format d’un litre permet d’économiser du plastique, mais aussi de l’argent : vendu autour de 6,25 €, il équivaut à 4 berlingots de 3 € pièce. Autre point positif, l’arrivée d’un emballage en carton dans notre salle de bain, jusque-là royaume du plastique.

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Le transfert d’un contenant à l’autre ne sera pas évident.

Quoi qu’il en soit, cette solution ne résout pas le problème de fond. Pour réduire drastiquement la quantité d’emballages en plastique qui inonde notre quotidien, il nous faudra peut-être mettre du solide dans nos vies ! Savons, gels douche, mais aussi shampoings, dentifrice, et même produits vaisselle… l’offre de produits d’hygiène et d’entretien de la maison vendus sous cette forme s’étoffe rapidement, même si leurs performances restent encore inégales.

(1) Décret dit « Confusion » du 9 septembre 1992.