Arnaques : la Cnaf, une cible privilégiée
La Caisse nationale d’allocations familiales a présenté son bilan annuel de la lutte contre la fraude de la branche famille. Comme de nombreuses autres administrations, l’organisme sert d’appât aux escrocs pour piéger leurs victimes. Décryptage.
En 2021, la Cnaf a détecté 43 208 fraudes. Le montant des préjudices s’élève à 309 millions d’euros, pour un coût moyen de 7 162 €. Voilà le bilan chiffré présenté par la Cnaf, toutes activités confondues.
Si les allocataires sont eux-mêmes – de leur plein gré ou non – les auteurs de certaines tricheries dites « individuelles », ils sont aussi victimes de manœuvres déployées à grande échelle, réalisées par des réseaux de mafieux basés en France ou à l’étranger. Phishing (hameçonnage), arnaque au faux RIB, usurpation d’identité… les procédés sont les mêmes que ceux qui se répandent dans nos boîtes e-mail, sur certains sites Internet ou encore via des SMS. Grâce à leurs stratagèmes sophistiqués, les escrocs parviennent à toucher l’argent des aides destinées aux ayants droit.
Les attaques relevées par la Cnaf
La Cnaf recense trois principales attaques. Celle au faux RIB arrive en tête (1 000 fraudes ont été détectées, pour 650 000 € de dommages financiers évités). Cette arnaque découle généralement d’un vol de données des allocataires, effectué via un courriel frauduleux ou un SMS imitant les codes graphiques de la Caf. Les escrocs inventent un prétexte afin de récupérer vos identifiants, coordonnées ou données bancaires, que vous fournissez sur un site Internet falsifié. Une fois ces informations collectées, ils se connectent à votre espace personnel sur Caf.fr – le vrai, cette fois ! – et y déposent un RIB frauduleux en remplacement du vôtre, afin de toucher votre prestation.
La Caisse nationale a aussi recensé 450 tentatives d’usurpation d’identité et 600 fausses déclarations professionnelles. Pour cette dernière tactique, des personnes déclarent une activité d’autoentrepreneur purement fictive. Sous conditions de revenus, les professionnels dotés de ce statut peuvent en effet toucher le RSA ou la prime d’activité. Sauf qu’ici, que ce soient l’identité, l’adresse ou les revenus déclarés… tout est faux. Tout, sauf l’argent versé, sachant que l’enjeu moyen s’élève à 12 000 €.
Mise en place d’un pool de contrôleurs nationaux
Face à la recrudescence de ce type d’arnaques ces dernières années, l’organisme a mis en place, en 2021, le Service national de lutte contre la fraude à enjeux (SNFLE), commise en bande organisée. Trente contrôleurs spécialement recrutés et formés (issus de la Caf, des impôts ou encore de la police) constituent ce nouvel organe. Ils agissent au niveau national et travaillent en coordination avec les 700 contrôleurs présents dans les caisses locales (CAF). La Cnaf a également revu les process internes afin de détecter la fraude, mais aussi de l’éviter. Elle indique notamment avoir sécurisé son système de dépôt de RIB, « avec l’envoi d’un SMS à l’usager pour qu’il valide son changement ». Elle traque également les documents identiques téléchargés sur différents comptes qui n’ont rien à voir entre eux.