Billet de notre Président national : pesticides, les pouvoirs publics reculent !
Décidément, que ce soit au national ou en Europe, je ne peux manquer de déplorer les inadmissibles reculades s’agissant des pesticides !
En France, d’abord, où après l’émoi causé par les données de l’ARS soulignant que 20 % des Français avaient été exposés à une eau du robinet contenant des seuils trop élevés de pesticides et de métabolites (sous-produits de pesticides), l’ANSES (agence de sécurité sanitaire), par un tour de passe-passe, est venue « régulariser » la situation en maximisant les limites réglementaires de certains métabolites. En effet, en déclassant certains métabolites du métolachlore, en arguant qu’il n’y aura pas assez de données fiables sur la toxicité de ces substances, et donc en multipliant par 9 les limites réglementaires, cela « efface » de facto les non-conformités. Cela ne change en rien la qualité de l’eau, mais les seuils dénoncés se trouvent désormais dans la limite autorisée… On ne s’attaque pas au cœur du problème, on se cache juste les yeux !
En Europe, ensuite, où, au moment où la Commission annonce un report de la révision du Règlement sur les substances chimiques (REACH), initialement prévue pour fin 2022, à fin 2023 (au mieux !) du fait de la crise en Ukraine, les parlementaires européens du groupe PPE ont clairement demandé à la Commissaire à la Santé de retirer sa proposition de Règlement sur l’usage durable des pesticides.
Décidément, l’urgence environnementale n’est pas la priorité des pouvoirs publics. Les lobbys de l’agrochimie se mobilisent pour faire rétropédaler la Commission européenne. Hasard du calendrier, ces annonces interviennent quelques jours seulement après qu’une initiative citoyenne européenne contre les pesticides a atteint le million de signatures, obligeant la Commission européenne à se positionner… Décidément, le décalage entre les décideurs et l’opinion publique est grand… Et le « Pacte Vert » annoncé par la Commission européenne à l’aube de cette mandature se vide cruellement de toute substance, laissant in fine les partisans d’une consommation responsable verts… de rage !
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir