Levothyrox : Merck en examen pour tromperie
Après sa condamnation au civil pour défaut d’information et préjudice moral suite au changement de formule du Levothyrox, le laboratoire Merck vient d’être mis en examen au pénal pour tromperie aggravée.
Nouvelle étape dans l’affaire du Levothyrox : la procédure pénale initiée en mars 2018 a pris un tournant la semaine dernière avec la mise en examen du laboratoire Merck, qui commercialise ce médicament utilisé dans les insuffisances de la thyroïde. Seule la qualification de tromperie aggravée figure au dossier. Celles de blessures involontaires, d’homicide involontaire et de mise en danger d’autrui, évoquées à l’ouverture de l’enquête, n’ont pas été retenues pour le moment.
Le changement de formule du Levothyrox est à l’origine de l’action judiciaire sur plaintes de victimes. Intervenu en mars 2017 à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), il a dans les semaines suivantes provoqué des effets secondaires chez des milliers de personnes sous traitement : fatigue, vertiges, désordres digestifs, douleurs musculaires se sont déclarés. Circonstance aggravante, la plupart n’étaient même pas au courant du changement de composition du médicament, car les autorités avaient préféré ne pas affoler les foules. Ni les médecins, ni les pharmaciens n’ont été invités à alerter sur d’éventuels effets… Il s’est avéré par la suite que non seulement la communication autour du changement de formule avait été un échec, mais qu’en plus, les données produites par le laboratoire Merck à la demande de l’ANSM pour établir l’équivalence entre les deux formules n’étaient pas pertinentes. Basées sur une moyenne, elles invisibilisaient les potentielles variations individuelles d’absorption. Or, s’agissant d’une hormone, un très faible écart peut avoir un retentissement individuel important. Il n’y avait donc aucune garantie que les deux formules soient, à l’échelle d’une personne, interchangeables. Les experts mandatés dans le cadre de l’instruction ont confirmé ces éléments dans leur rapport rendu en mai 2021.
Le scandale a atteint un tel niveau que l’ancienne formule a été maintenue sur le marché, parallèlement à la nouvelle, jusqu’à aujourd’hui. Merck a d’ores et déjà été condamné devant la justice civile pour défaut d’information et préjudice moral. La date du procès pénal n’est pas encore connue.