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Mélatonine : un étiquetage très fantaisiste

La Répression des fraudes constate que les fabricants de compléments à base de mélatonine les conseillent parfois aux enfants, ou comprennent d’autres ingrédients actifs, en contradiction avec les recommandations des autorités.

Teneur conforme à l’étiquetage, mais mentions fantaisistes ou lacunaires : voilà le bilan de l’enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les compléments alimentaires à base de mélatonine, une hormone du sommeil en vente libre sous deux allégations : la première dans le jet-lag (troubles liés au décalage horaire), la seconde dans la réduction du temps d’endormissement.

Pas de problème, donc, concernant la quantité de mélatonine vendue : après analyse, dans 90 % des échantillons, la dose affichée est bien celle contenue dans le produit, et l’apport journalier conseillé sur l’emballage est inférieur à la dose maximale fixée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), soit 2 mg.

La DGCCRF déplore cependant un décalage entre la quantité de mélatonine affichée et l’allégation. En effet, 0,5 mg sont nécessaires pour revendiquer un effet sur le jet-lag, et c’est 1 mg dans la réduction du temps d’endormissement. Sur ce point, 45 % des étiquettes n’étaient pas conformes.

Les enquêteurs ont relevé d’autres lacunes sérieuses, au regard des recommandations de l’Anses qui, publiées en 2018, devraient 5 ans plus tard être respectées. Destinées à garantir un usage sécurisé de la mélatonine, c’est peu de dire qu’elles sont mal appliquées ! Ainsi, alors que les enfants et les adolescents sont identifiés comme population à risque, et ne devraient pas prendre de mélatonine, des étiquettes laissent entendre que cela ne pose pas de problème. C’est le cas de la pâte suisse « bonne nuit » (Lehning) qui porte la mention « pas avant 12 ans », insuffisante. Le « déconseillé aux enfants », ou « tenir hors de portée des enfants », ou mieux encore, le « réservé aux adultes » présents sur d’autres produits sont nettement préférables !

Melatonine
Sur l’étiquette de cette gomme, la mention « Pas avant 12 ans » n’est pas appropriée.

Autre reproche, l’association quasi-systématique, pour 70 % des références analysées, avec d’autres ingrédients, en général des plantes ou des extraits de plantes comme la passiflore, la mélisse ou la valériane. L’Anses déconseille pourtant ce type de cocktails, sources d’interactions potentiellement préjudiciables. D’autant plus si, par ailleurs, d’autres compléments alimentaires sont pris, ou des médicaments.

Melatonine
Deux exemples de produits en combinaison avec des vitamines ou des plantes.

La légèreté et les manquements des fabricants rappellent l’importance d’être bien informé des précautions d’utilisation de la mélatonine. Les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes, et bien entendu si vous devez rester concentré, ne doivent tout simplement pas en prendre, sous peine de déclarer des effets indésirables, comme des maux de tête, de l’irritabilité, des cauchemars, des troubles digestifs, des tremblements, des vertiges, de la somnolence en journée, etc. Un avis médical est nécessaire pour les épileptiques, asthmatiques, personnes sous traitement médicamenteux en général, ou personnes atteintes de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité. Enfin, même si vous n’êtes dans aucune des situations énumérées, il vaut mieux choisir le produit le plus simple possible, c’est-à-dire ne contenant que de la mélatonine, et éviter de consommer d’autres compléments.
En cas d’effet indésirable, vous pouvez le déclarer vous-même sur www.nutrivigilance-anses.fr.