UFC-Que Choisir de l'Eure

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Pénurie de médicaments : au tour de l’amoxicilline

Sujet à des tensions d’approvisionnement depuis la crise du Covid, l’amoxicilline, un antibiotique d’usage courant, fait l’objet de restrictions afin de préserver les stocks. Les formes pédiatriques sont les plus touchées.

La situation est sérieuse. Un antibiotique d’usage courant, l’amoxicilline « fait l’objet de fortes tensions d’approvisionnement », rapporte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans une communication officielle. Sont essentiellement concernées les formes buvables destinées aux enfants, sous les noms commerciaux Augmentin et Clamoxyl. Mais les versions adultes sont également touchées.

Résultat, des consignes ont été passées aux médecins et aux pharmaciens pour limiter la prescription et la délivrance aux situations où les antibiotiques sont absolument nécessaires, c’est-à-dire dans les infections d’origine bactérienne (notamment angine avec test positif réalisé en cabinet ou en pharmacie, otite purulente, pneumonie, etc.). Les autres affections respiratoires courantes, présumées d’origine virale, n’ont pas besoin d’amoxicilline, ni d’aucun autre antibiotique d’ailleurs, pour guérir. Rhinopharyngite, bronchite, bronchiolite, otite inflammatoire, grippe, Covid, angine classique se traitent autrement, la plupart du temps avec du repos et du paracétamol pour la fièvre, avec là aussi des restrictions. La toux peut persister longtemps sans que cela soit un signe quelconque de gravité. En cas de dégradation, en particulier pour la bronchiolite, la grippe ou le Covid, une hospitalisation peut être nécessaire.

Médicaments à l’unité

Pour les rares cas où les antibiotiques sont justifiés, et s’il s’agit d’amoxicilline, les pharmaciens ont pour mission de coller au plus près des 5 jours de traitement dont on sait aujourd’hui qu’ils sont suffisants, y compris en dispensant les médicaments à l’unité. Reste que pour un sirop, le fractionnement promet d’être compliqué !

Le rationnement risque de s’étendre sur plusieurs mois, car la pénurie est durable, et mondiale. Elle est liée au ralentissement de la production d’antibiotiques au plus fort de la crise Covid, le redémarrage n’étant pas assez rapide pour satisfaire la demande et faire face au retour des affections hivernales courantes. Aucun stock n’est disponible à l’étranger pour amortir le choc, et la France a dû interdire l’exportation pour éviter que les fabricants et les grossistes ne fournissent au plus offrant. Le retour à la normale prendra du temps. La situation confirme les sombres prédictions de l’UFC-Que Choisir, et appuie la nécessité, non seulement de constituer des stocks suffisants, mais aussi de relocaliser la production des médicaments essentiels. Faute de quoi, les autorités en sont réduites à gérer la pénurie, comme aujourd’hui, en priant pour que la catastrophe soit évitée.