Travaux de rénovation énergétique : un taux de non-conformités effarant
Un bureau de contrôle en charge des vérifications de travaux financés par les certificats d’économie d’énergie (CEE) vient de publier le résultat de ses inspections. Il en ressort seulement 51 % d’isolations des combles bien réalisées. À désespérer de se lancer dans la rénovation thermique de son logement !
Le bureau de contrôle Spekty a vérifié 36 300 opérations portant sur la rénovation énergétique d’avril 2021 à octobre 2022. Sur le total des chantiers d’isolation des combles contrôlés, seulement 51 % sont satisfaisants. Les non-conformités constatées se partagent entre le non-respect des règles de l’art, des surestimations de surface et des problèmes de résistance thermique, ce qui est particulièrement inquiétant puisque les travaux financés par les certificats d’économie d’énergie (CEE) sont tous effectués par des entreprises détenant le label RGE (Reconnu garant de l’environnement). Voilà de quoi s’interroger sérieusement sur sa pertinence.
Le taux de contrôles satisfaisants monte à 64 % pour l’isolation des murs par l’extérieur et à 65 % pour l’isolation du plancher bas. Là encore, le non-respect des règles de l’art et les surestimations de surface restent les causes majeures de non-conformités.
Si l’installation de pompes à chaleur air/eau pose moins de problèmes avec 13 % de non-conformités, ces dernières s’avèrent majeures. Il s’agit à la fois du mauvais dimensionnement, dont Que Choisir a détaillé les conséquences désastreuses, des risques électriques, des fuites d’eau ou de fluide frigorigène, des anomalies graves elles aussi, ou encore de l’absence de calorifugeage.
Éco-délinquants
La situation s’avère d’autant plus déplorable qu’obtenir MaPrimeRénov’ suppose, comme pour les opérations coup de pouce financées par les CEE, de faire appel à des entreprises RGE. De plus, ces résultats de Spekty font écho aux propos de Filiance, la fédération des bureaux de contrôle, qui déplorait l’an passé « la quantité très importante de non-conformités ».
Si les éco-délinquants RGE sévissent, avec par exemple 300 m2 déclarés pour 80 m2 isolés, le problème va bien au-delà. « Nous montrons que le taux de non-conformités reste élevé, la massification des travaux n’est pas encore maîtrisée, souligne Oussama Djeddi, qui dirige Spekty. L’accent doit être mis sur la formation au sein des entreprises de travaux qui peinent à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. »