Bonus réparation : trop peu de réparateurs agréés
Un bonus réparation de 15 à 45 € a été lancé le 15 décembre. Mais ce coup de pouce – limité à certaines pannes – ne répond pas aux principaux problèmes des réparateurs, qui souffrent d’un manque de main-d’œuvre et de rentabilité.
Les enquêtes de fiabilité que nous menons chaque année montrent que les appareils tombent régulièrement en panne : dans le high-tech (smartphones, ordinateurs portables, tablettes tactiles, téléviseurs…), les premiers problèmes apparaissent en moyenne au bout de 4 ans d’utilisation. Pour allonger la durée de vie de ces produits, la réparation constitue une solution, hélas rarement mise en œuvre.
En 2019, seuls 10 % des équipements électriques et électroménagers tombés en panne hors garanties ont été remis en état. Dans le but d’inverser la tendance, la loi antigaspillage pour une économie circulaire de février 2020 a prévu le lancement d’un fonds de réparation destiné à réduire les frais en la matière. Effectif depuis le 15 décembre 2022, il concerne une cinquantaine d’appareils, du réfrigérateur à la tondeuse à gazon en passant par les bouilloires, les caves à vin et les trottinettes électriques. D’autres familles de produits, comme les imprimantes ou les robots culinaires, seront éligibles en 2024.
Ce bonus est déduit instantanément de la facture et son montant est forfaitaire : 25 € pour un smartphone ou une tablette, 30 € pour un téléviseur, 45 € pour un ordinateur portable, etc. L’objectif ? Accroître de 20 % par an le nombre de réparations réalisées en France. « Nous faisons face à deux grands types de clients : les premiers sont sensibles à l’environnement et ne remplaceront leur modèle que lorsqu’il devient irréparable ; les seconds sont sensibles au coût et ne le feront pas remettre en état dès que la note dépasse 35 % du prix d’achat neuf. Cette aide constituera un amortisseur pour passer sous ce seuil psychologique », explique Laurent Falconieri, directeur général de la Compagnie du SAV, spécialisée en réparation de gros électroménager.
Un métier qui peine à attirer
Son entreprise figure parmi les 400 professionnels labellisés QualiRépar. Un nombre faible, lorsqu’on sait qu’une des conditions à remplir pour bénéficier de ce coup de pouce est de faire appel à un réparateur agréé. Pour en profiter, mieux vaut ne pas habiter en rase campagne !
Environ 1 500 réparateurs devraient être certifiés d’ici à la fin 2023, ce qui ne permettra toutefois pas d’augmenter fortement le nombre de produits réparés. « C’est un métier en souffrance et qui manque d’opérateurs, alerte Laurent Falconieri. Là où le bât blesse, c’est notre capacité à supporter des dispositifs tels que le fonds réparation. Le territoire est mal couvert et la pyramide des âges est défavorable : il nous faudrait 3 500 à 4 000 techniciens supplémentaires sur 5 ans afin de pouvoir répondre aux besoins ».
S’il soutient l’idée du fonds réparation, il rappelle que la filière a surtout besoin d’un grand plan de formation pour attirer les jeunes. Et de mesures pour améliorer la rentabilité des ateliers, telle qu’une baisse de la TVA sur la réparation. « Il faut arrêter de croire que c’est un métier où l’on se gave, dénonce le professionnel. Si la TVA pouvait enfin être un sujet de discussion, le consommateur en ressortirait gagnant en termes d’économie, le réparateur en termes de rentabilité, et le gouvernement sur la réparabilité. »
Comment profiter du bonus réparation
Le bonus réparation est accessible depuis le 15 décembre 2022. Cette aide financière doit inciter les consommateurs à faire réparer leurs appareils en panne. Son montant varie de 10 à 45 € selon le type d’appareil. Un montant réduit qui se traduit dans le financement du fonds : 410 millions d’euros sur la période 2022-2027, alors que l’Agence de la transition écologique (Ademe) préconisait une enveloppe annuelle croissante de 203 millions d’euros en 2022 à 259 millions d’euros en 2027.
Plusieurs conditions doivent être remplies pour en profiter. Il faut que l’appareil ne soit plus sous garantie et qu’il soit en panne, et non pas cassé. Une distinction importante : si votre ordinateur portable ne fonctionne plus car vous l’avez fait tomber… tant pis pour vous. On note aussi que les écrans de smartphones ne sont pas pris en charge par le fonds réparation, quel que soit le type de panne ou de casse ; et que les réparations rendues nécessaires par des dysfonctionnements ou des défauts logiciels ne sont pas non plus éligibles. Cela représente pourtant une grande partie des problèmes rencontrés sur ces appareils.
Si d’aventure votre appareil et sa panne sont éligibles et que vous avez trouvé un réparateur agréé près de chez vous (liste sur annuaire-qualirepar.ecosystem.eco), vous n’avez rien à faire pour bénéficier du bonus : il sera automatiquement déduit de la facture, de manière lisible. Le professionnel se fera ensuite rembourser auprès des deux éco-organismes qui gèrent ce fonds réparation.