Véligo : des vélos très volés
Véligo, le service de location de vélos électriques de la région Île-de-France, fait face à une recrudescence de vols de cycles et de batteries. Des larcins qui coûtent cher aux abonnés et contre lesquels les sociétés de livraison de repas (Uber Eat, Deliveroo, Just Eat…) ont un rôle à jouer.
« Vous êtes le sixième depuis ce matin ! » La sentence, prononcée par un policier du XIe arrondissement de Paris alors que Franck déposait plainte en janvier pour le vol de son Véligo, montre l’ampleur du phénomène. « Véligo Location a malheureusement constaté une recrudescence des vols depuis 18 mois », nous confirme le service francilien de location longue durée de vélos électriques mis en place en septembre 2019.
Pour les utilisateurs, c’est la double peine : ils doivent rembourser le vélo (1 200 €) s’ils n’ont pas d’assurance, ou débourser 20 à 200 € de franchise s’ils en ont souscrit une ; et du fait du succès du service, le remplacement de la bécane peut prendre plusieurs mois. Début avril, Franck n’avait toujours pas récupéré un modèle de remplacement.
Véligo assure tout faire pour lutter contre les vols. « Dès qu’un vélo nous est déclaré volé, nous coupons systématiquement l’assistance électrique à distance. Cela nous a permis de récupérer des centaines de vélos qui avaient été abandonnés », nous signale-t-il. Une mesure qui n’empêche pas les voleurs de tenter de les revendre sur la marketplace de Facebook (Le Bon Coin filtre ces annonces), qui regorge aussi de batteries seules, vendues quelques dizaines d’euros.
Les entreprises de livraison pointées du doigt
Plus simples à voler et à revendre, les batteries sont devenues une cible de choix. À tel point que l’assurance de Véligo ne les couvre plus et réclame aux abonnés 450 € en cas de vol. Certains ont trouvé une parade : ils en rachètent une volée et signalent à l’assurance une tentative d’effraction afin d’expliquer pourquoi la serrure est brisée.
Ces abonnés floués ne sont pas les principaux clients des voleurs. Ils tablent surtout sur les livreurs à vélo, ces nouveaux forçats du bitume qui, en achetant une batterie supplémentaire, peuvent en avoir une d’avance pour circuler plus longtemps afin d’assurer leurs livraisons. Même si Véligo interdit formellement l’usage professionnel de ses engins, une simple promenade dans les rues de Paris montre que ses cycles bleus sont très prisés des prestataires d’Uber Eat, Deliveroo ou Just Eat.
« Que les livreurs soient autoentrepreneurs ou salariés, les entreprises leur demandent de fournir leur vélo ou de participer à hauteur de 30 % au coût de sa location », dénonce Ludovic Rioux, secrétaire général de la CGT livreurs. Ce sujet est historiquement l’un des chevaux de bataille des professionnels, derrière les salaires et la précarité. « Les entreprises de livraison détournent la convention collective du transport, qui indique que les livreurs peuvent – et non pas doivent – utiliser leur propre vélo », poursuit-il. Fournir aux livreurs le moyen d’exercer correctement leur profession réglerait une partie du problème, juge le syndicaliste. « Mais cela coûte de l’argent. »
Nos conseils contre les vols de vélo
- Sur un vélo électrique, retirez la batterie, il sera nettement moins attractif.
- Ancrez toujours votre bolide à un point fixe solide. Si possible, en plus du cadre, faites passer l’antivol dans une des roues.
- Nos tests d’antivols pour vélo montrent que les modèles en U résistent le plus longtemps au sciage. Ceux constitués d’un simple câble entouré de plastique n’offrent aucune protection.
- Ne laissez jamais traîner l’antivol par terre, car il est plus facile à casser avec une masse.
- Depuis 2021, les cycles vendus doivent porter un marquage antivol agréé. Faites graver le vôtre si ce n’est déjà fait.