Pneus hiver – Une limite… trop limite
Quand la profondeur des pneus est inférieure à 1,6 mm, ils doivent être changés. Or, nos tests prouvent que leurs performances se dégradent bien avant ce seuil.
La réglementation française serait-elle un brin légère ? Elle impose que les pneus présentent, pendant toute leur utilisation, une épaisseur d’au moins 1,6 mm dans les rainures de leur bande de roulement. Cette dernière permet en effet de maintenir une bonne adhérence sur l’asphalte, car elle contribue à expulser l’eau qui s’y trouve, limitant ainsi les risques d’aquaplaning. Certains pays européens, comme l’Autriche, la Bulgarie ou la Suède, se montrent bien plus sévères pour les gommes hivernales, exigeant une profondeur de 3 mm ou 4 mm. Excès de prudence ?
Afin de le savoir, nous avons jaugé le comportement de 6 références (1) hiver (dans la dimension 205/55 R16 H) : d’abord, à l’état neuf, lorsque la hauteur moyenne des sculptures de la bande de roulement s’élève à environ 8 mm ; ensuite, quand celle-ci n’affiche plus que 2,5 mm de profondeur après des dizaines de milliers de kilomètres parcourus. Des tests critiques ont également été réalisés sur pneus usés, à savoir le roulage sur revêtement mouillé et enneigé. Enfin, nous avons mesuré la consommation d’une Volkswagen Golf VIII équipée de pneumatiques neufs puis usagés. En parallèle, nous avons jugé les performances de nombreux pneus hiver (neufs !).
Résistance à l’aquaplaning réduite
Six critères ont été pris en compte dans notre évaluation : la motricité et le freinage sur neige, le freinage et l’agilité sur chaussée mouillée, l’aquaplaning longitudinal (ligne droite) et transversal (en virage). Conclusion ? Ce dernier est le plus impacté dès lors que l’usure s’accroît. Les meilleurs modèles neufs (notés ) deviennent au mieux médiocres en fin de vie. Ils perdent une grande partie de leurs capacités à transmettre des forces latérales sur route humide (résistance à l’aquaplaning, parcours chronométré sur piste), et le niveau de leurs performances chute drastiquement – de 80 % pour plusieurs d’entre eux – par rapport à l’état neuf. Et si les résultats ne sont pas aussi catastrophiques lorsqu’il s’agit de forces exercées dans le sens de la marche, où il subsiste toujours une certaine sécurité résiduelle, les distances de freinage sont dégradées, avec 20 % d’efficacité en moins. À l’inverse, la consommation baisse de 0 à 3,5 %. Un phénomène qui pourrait être dû à une réduction de l’adhérence, donc à une diminution du frottement du pneu sur la chaussée.
Voilà pourquoi nous vous recommandons de remplacer vos gommes hiver dès que l’épaisseur de leur bande de roulement atteint 4 mm. C’est d’ailleurs ce que préconisent quelques fabricants. En dessous de cette valeur, la conduite est risquée, l’eau et la neige fondue ne pouvant plus être évacuées assez vite et l’usure – ou, pire, la disparition des lamelles – empêchant une bonne adhérence sur l’asphalte.
Usure • Un second témoin
Chaque bande de roulement, qu’il s’agisse d’une gomme été, toutes saisons ou hiver, doit comporter un témoin d’usure mentionnant une épaisseur minimale de 1,6 mm. Sa position est indiquée soit par le marquage TWI (Tread Wear Indicator), soit par le logo du manufacturier apposé sur le flanc du pneu. De nombreux pneus hiver et certains toutes saisons sont équipés d’un second témoin, sans valeur légale en France. Son emplacement est signalé par la présence d’un flocon de neige sur un des côtés du pneu. Il annonce généralement une profondeur de 4 mm.
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(1) Continental WinterContact TS 860, Dunlop Winter Sport 5, Goodyear UltraGrip 9, Michelin Alpin 5, Nokian WR D4 et Yokohama BluEarth.