Pénurie d’huile de tournesol : les cosmétiques aussi concernés
Les produits cosmétiques reformulés du fait des ruptures d’approvisionnement en tournesol pourront arborer, à l’instar des produits alimentaires, un étiquetage temporaire pas toujours explicite.
Les produits alimentaires ne sont pas les seuls concernés par les ruptures d’approvisionnement dues à la guerre en Ukraine. Si la plupart des cosmétiques présents dans les rayons sont fabriqués en France, ils le sont à partir d’ingrédients venus du monde entier, si bien que le conflit a aussi un impact au rayon hygiène-beauté. Concrètement, le tournesol est, comme pour les produits alimentaires, le principal concerné. La plante peut être mise en œuvre sous différentes formes mais l’huile est très nettement majoritaire. Utilisée en tant qu’émollient, elle est un ingrédient très fréquent dans toutes sortes de produits : sur notre appli QuelProduit, elle est présente dans plus de 31 000 références, soit près d’un cinquième du total. On la retrouve dans les listes d’ingrédients sous le nom d’helianthus annuus seed oil.
Dérogations pour une durée maximale de 6 mois
Face à ces nouvelles contraintes, les industriels ont adopté différentes options. Certains parviennent tout de même à se procurer la matière première, consentant à la payer beaucoup plus cher. Mais pour d’autres, cet effort financier est impensable. Ils doivent donc remplacer l’huile de tournesol par une autre substance mais disposent parfois d’importants stocks d’emballages affichant l’ancienne liste d’ingrédients. Pour qu’ils puissent continuer à les utiliser, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a décidé de leur accorder des dérogations pour une durée maximale de 6 mois, sous réserve que les difficultés d’approvisionnement soient avérées et que la sécurité des consommateurs soit assurée. Ils devront apposer sur l’emballage une mention détaillant le changement de formulation ou, à défaut, le mot « DEROG ». La mention devra cependant être explicite pour les références qui portaient une allégation telle que « bio », « sans huile de palme », « origine naturelle » ou autre formule valorisante qui ne serait plus respectée. Les sites d’e-commerce sont, bien entendu, également concernés.
Reformulation et changement d’emballage
Jugeant que ces mentions temporaires un peu bricolées ne seront pas forcément du goût de la clientèle, ni même des distributeurs, dans un univers où l’image compte beaucoup, certains ont préféré engager des reformulations destinées à s’inscrire dans la durée, changement complet d’emballage compris. Un choix qui peut aussi s’expliquer par l’importance, pour de nombreux acteurs de l’industrie cosmétique, de l’exportation vers des pays où ces dérogations ne sont pas de mise.
Dans le cas des références temporairement reformulées, il serait souhaitable que les consommateurs soient informés précisément (et pas seulement par une obscure mention « DEROG »), et aussitôt que possible, de la ou des substances utilisées pour remplacer l’huile de tournesol. Même si la DGCCRF précise que les substitutions envisagées ne portent que sur des huiles végétales qui ne contiennent pas d’allergènes d’étiquetage obligatoire, les clients ont le droit de savoir ce qu’ils s’appliquent sur la peau. Or, si l’administration a mis à disposition un formulaire pour les informer (1), il est, à l’heure actuelle, inopérant en ce qui concerne les cosmétiques.
1. https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/rechercher-produit-recette-temporairement-modifiee ?q=*