Travaux de rénovation énergétique : les contrôles gênent le business des certificats d’économie d’énergie
Mettre en cause les bureaux de contrôle qui interviennent chez les particuliers afin de ne pas impacter le marché des certificats d’économie d’énergie (CEE), c’est la stratégie des gros acteurs qui financent les travaux réalisés sans se soucier de leur performance. Explications.
Les acteurs qui financent les travaux de rénovation énergétique via les certificats d’économie d’énergie (CEE) seraient-ils allergiques aux contrôles réalisés chez les particuliers ? Alors que les isolations à 1 € et autres opérations financées par ce dispositif ont donné lieu à de multiples fraudes et travaux bâclés, on est tenté de le croire. Ils se sont émus de « la lenteur des contrôles » auprès de la ministre de la Transition énergétique. Ils assurent que les inspections sur les travaux d’isolation ont conduit à un engorgement significatif des bureaux de contrôle indépendants, ajoutant que cela amène à pratiquer des prix inflationnistes, jugeant même que c’est préjudiciable aux ménages. De leur part c’est inattendu, d’autant plus qu’au printemps dernier, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) jugeait que les coups de pouce isolation à 1 € qu’ils financent « ont conduit à la mise en place de réseaux de fraude à grande échelle, qui abusent les consommateurs, notamment les plus fragiles ».
Du côté de Filiance, la fédération des bureaux de contrôle tels qu’Afnor certification, Apave, Dekra, Qualiconsult, SGS, Socotec ou Veritas, on a une tout autre lecture des lenteurs. « 10 % d’un lot, qui compte de quelques dizaines à quelques centaines de logements, doit répondre à une rénovation énergétique de qualité, réalisée dans les règles de l’art, explique Franck Pettex, président de la délégation construction de Filiance. Or pour trouver ces 10 % de travaux satisfaisants, nous devons inspecter a minima 20 % du lot, parfois nettement plus. Cette quantité très importante de non-qualité et le temps que les entreprises mettent à signaler la fin de leurs chantiers suffisent à expliquer la lenteur du processus. » De plus, pour engranger les certificats d’économie d’énergie associés à un lot, le délégataire doit faire réintervenir une entreprise dans les logements qui ont échoué au contrôle afin de faire réaliser les travaux au bon niveau de qualité énergétique. Les délais se rallongent d’autant, puis une seconde inspection valide la nouvelle intervention.
Compte tenu du niveau désastreux des travaux de rénovation énergétique constaté, il serait opportun que 100 % de ces travaux fassent l’objet d’un contrôle. Actuellement, leur coût représente 0,5 % du montant total des CEE, l’augmenter très sensiblement pour parvenir à des travaux énergétiques de qualité serait un choix assurément gagnant, aussi bien pour les ménages que pour les objectifs nationaux d’économie d’énergie.