Sécurité sanitaire des produits : cernés par les nanoparticules
Selon des analyses menées par une association spécialisée, les « nanos » sont omniprésentes dans toute sorte de produits du quotidien (alimentation, cosmétique, textiles, jouets…). Un problème de santé publique préoccupant.
Soupçonnées d’effets toxiques spécifiques, les nanoparticules, ces particules de taille infinitésimale, sont souvent présentes incognito dans divers produits de consommation courante. Nous l’avions montré lors d’un test portant sur des denrées alimentaires, des cosmétiques et des médicaments. Presque 5 ans plus tard, les résultats publiés par Avicenn, une association spécialisée dans la veille et l’information sur les « nanos », ne montrent aucune amélioration, bien au contraire. Sur 23 produits testés, et bien qu’aucun ne mentionne la présence de nanoparticules, 20 en contiennent (1).
Le choix des produits a reposé sur la présence possible de celles dont les dangers sont les plus documentés, à savoir le dioxyde de titane, les oxydes de fer, la silice et l’argent. En plus des secteurs que nous avions visés, le test inclut des textiles, jouets, produits d’hygiène et de santé. Tous les produits cosmétiques et alimentaires ressortent avec un résultat positif : ils contiennent respectivement du dioxyde de titane, un colorant, opacifiant et filtre solaire (et parfois des colorants sous forme d’oxydes de fer) et de la silice, un antiagglomérant.
Le rayon « hygiène et santé » nous a aussi interpellés. La brosse à dents pour enfants, le masque chirurgical et le FFP2 testés présentent des nanoparticules d’argent, soupçonné de neurotoxicité, ou de silice, potentiellement génotoxique. Se retrouvent-elles dans la bouche des petits ? Dans les voies respiratoires des utilisateurs qui veulent se protéger des infections ? Si oui, quels sont leurs effets ?
Fiabilité des autocontrôles remise en cause
Autre surprise, du nanoargent est présent dans la culotte menstruelle Nana. Or, interrogée à l’occasion de notre récent test sur ces alternatives aux tampons, la marque nous avait assuré que les substances antimicrobiennes utilisées dans la fabrication de ses culottes ne s’y trouvaient pas sous forme nanoparticulaire. Cela pose à tout le moins la question de la fiabilité des autocontrôles.
Mais le résultat le plus étonnant est celui du stick Labello certifié bio. Selon les analyses d’Avicenn, il contient du dioxyde de titane et des oxydes de fer à l’état nanoparticulaire. Or, c’est interdit à la fois par la réglementation européenne et pas le référentiel Cosmos qui régit les cosmétiques biologiques. Difficile d’expliquer que ni le fabricant ni le certificateur Écocert n’aient repéré la présence de ces intrus. Lors de notre enquête publiée en 2018, nous avions déjà épinglé cet organisme pour sa négligence au sujet d’un dentifrice contenant du dioxyde de titane.
Nécessité d’étendre l’obligation d’étiquetage
Comme le souligne Avicenn, ces résultats montrent à quel point l’étiquetage des nanos est éminemment défaillant. Obligatoire pour les produits cosmétiques et alimentaires, il n’est présent sur aucun des douze testés. Ce qui, souligne l’association, « montre l’impérieuse nécessité de renforcer les rappels de la loi, les contrôles et les sanctions par les autorités. La présence de nanos dans d’autres produits souligne aussi la nécessité d’étendre l’obligation d’étiquetage aux catégories de produits qui ne sont malheureusement toujours pas concernées à ce jour. »
On s’étonne aussi de la fréquence de nanoparticules non autorisées dans divers produits, notamment des cosmétiques. Ignorance ou mauvaise volonté des industriels, manque de moyens des autorités de contrôle, complexité des analyses et de la recherche : les nanoparticules demeurent au fil des ans l’un des plus préoccupants sujets de sécurité sanitaire liée aux produits de consommation.
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(1) Étude disponible sur https://veillenanos.fr/dossier/applications/tests-produits-avicenn