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Billetterie Paris 2024 : la déception des heureux élus

Prix prohibitifs, épreuves inaccessibles, complexité du système : les personnes tirées au sort pour avoir le droit d’acheter des billets pour les Jeux olympiques ont cumulé les déconvenues.

Frustration. C’est le mot qui revient le plus souvent parmi les nombreux témoignages que nous avons recueillis auprès d’amateurs de sport désireux de s’offrir des places pour les Jeux olympiques de 2024. Première déconvenue avant même le début du tirage au sort, avec la découverte de la grille tarifaire. Alors que le comité d’organisation ne cesse de répéter qu’il souhaite des olympiades « populaires », les tarifs des sports les plus appréciés contredisent ce leitmotiv. Ainsi, pour l’athlétisme, s’il existe bien des places à 24 €, comme annoncé, impossible d’assister à une remise de médaille ‒ ce qui fait le sel des Jeux ‒ à moins de 85 €. Une somme, surtout pour qui souhaite venir en famille. D’autant que ce tarif ne concerne que les places assurant la visibilité la plus réduite. Pour mieux voir les athlètes, il faut débourser entre 195 et 690 € !

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Les places jouissant d’une bonne visibilité (catégories A, B) sont vendues à des prix prohibitifs.

Et les finales les plus prisées comme celles du 100 mètres ou du 110 mètres haies ne sont pas encore en vente. Il y a fort à parier que les tarifs seront encore plus élevés.

Même chose pour le judo, un sport également très couru, avec près de 600 000 licenciés et des champions français très populaires. Si les prix sont moins astronomiques, s’étageant de 24 à 150 €, seules les qualifications sont pour l’instant commercialisées. « Ayant été tirée au sort le premier jour, j’ai eu la chance de pouvoir acheter des places pour voir Teddy Riner concourir. Mais s’il se qualifie, je devrai sortir de la salle », déplore Cassandre.

Objectif : éviter les places vides…

Comme tous les « heureux élus », la jeune femme pensait pouvoir constituer son pack de 3 épreuves comme bon lui semblait mais a fini par comprendre que les choix étaient en réalité orientés. « Pour la première session, on pouvait opter pour ce qu’on voulait, mais dès la deuxième, certains sports n’étaient plus proposés. On a fini par saisir que l’objectif était de ne pas laisser vides les tribunes des stades où se déroulent les épreuves les moins appréciées. » Encore la jeune femme a-t-elle fait partie des premiers servis. Mais en quelques jours, les sports les plus convoités n’étaient plus proposés, y compris pour la première session. « Et même dès le premier jour, en quelques minutes, les places à 24 € en athlétisme ou en escrime étaient déjà parties », assure-t-elle.

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6 jours après le début de la commercialisation, plus d’athlétisme (sauf marathon et marche), ni de boxe, de cyclisme, d’escalade, d’escrime, de natation en piscine, de plongeon, de sports équestres, entre autres.

Autre reproche formulé par tous les internautes qui se sont connectés à la plateforme : l’opacité du système. « J’ai tenté plusieurs essais et je me suis aperçue que les combinaisons possibles différaient selon ce que je choisissais en premier », explique Laurence. L’exemple ci-dessous le montre bien, avec la boxe a priori indisponible qui le redevient parce que l’algorithme a été programmé ainsi. « Moi qui avais présélectionné une dizaine d’épreuves en me disant « ça va être difficile de choisir », j’ai été très déçue, aussi bien par le prix des places que par cette complexité. Les mails du comité d’organisation nous font croire qu’on a une chance inouïe d’être tirés au sort, on fait sa liste de courses et finalement, le choix n’est pas libre du tout. »

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Mais, ô miracle, si on choisit le tir à l’arc pour la première session, la boxe réapparaît pour la deuxième.

« Quand on apprend qu’on est tiré au sort, on est ravi et quand on arrive sur la plateforme, on est déçu, confirme Cassandre. La communication a été très mauvaise. Tout le monde pensait qu’il y aurait des billets pour l’ensemble des épreuves pendant toute la première phase de tirage au sort, annoncée jusqu’au 15 mars, mais les 3 millions de places ont été mises en vente d’emblée. Et surtout, ils ont trop communiqué sur le fait que ce serait les JO du peuple et que tout le monde pourrait y assister. Ce n’est vraiment pas le cas ! »

Autre remarque soulevée par cette fan de sport avisée : « Les sessions sont limitées en temps. Par exemple une amie qui tenait absolument à voir de la gymnastique a acheté un billet à 175 €, le seul tarif restant, mais c’est pour un créneau de 1 h 40, pas pour passer la journée à Bercy ! » En outre, on se demande bien pourquoi en payant la même somme pour voir a priori la même chose (des qualifications femmes en gymnastique), certains ont le droit de rester 1 h 40 seulement et d’autres presque 4 h selon le moment de la journée.

« Le pire d’Internet »

Cerise sur le gâteau, le délai pour boucler ses achats est limité. Dans l’hypothèse courante où on n’a pas pu acquérir ce que l’on souhaitait, on n’a pas le loisir de consulter les proches supposés vous accompagner pour savoir si les plans B leur conviennent. On se retrouve à acheter un peu n’importe quoi juste pour compléter son pack. « Entre ce stress du temps imparti, le fait qu’au fur et à mesure des simulations, on voie les places disparaître à grande vitesse et une mauvaise conception du site qui oblige, par exemple, à resélectionner les villes choisies à chaque fois qu’on refait une tentative ou qui vous propose des places finalement indisponibles, on retrouve un peu le pire d’Internet », déplore Laure.

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Alors que les places peuvent apparemment être sélectionnées, on obtient finalement une fin de non-recevoir.

Tarifs rédhibitoires et complexité de la plateforme ont incité plusieurs de nos témoins à renoncer à acheter des billets. Ils misent sur la deuxième phase de commercialisation : davantage de places seront proposées (7 millions sur 10) et surtout on pourra les acheter à l’unité. Les épreuves déjà présentes au début de la première phase de vente le seront au même tarif, les autres seront vendues à des prix non communiqués à ce jour. Sous réserve, là encore, d’être tiré au sort (1). Les compteurs seront remis à zéro et ceux qui l’ont été pour la première phase auront autant de chances de l’être pour la deuxième, ce qui peut sembler injuste. Tout comme le fait de permettre d’acquérir 30 places à ceux pour qui le sort a été favorable alors que d’autres n’auront accès à rien.

(1) Il faut s’inscrire au second tirage au sort, ce que la grande majorité des internautes ont fait d’emblée, lors de leur première connexion. Si ce n’est pas votre cas, les inscriptions débutent le 15 mars.