Prix des médicaments : le coût de la recherche n’explique pas les prix élevés
Développer de nouveaux médicaments nécessite beaucoup d’investissements sans retour garanti. C’est l’argument des laboratoires pharmaceutiques pour justifier le prix élevé qu’ils exigent. C’est rarement la vérité.
3,5 millions de dollars – soit environ 3,2 millions d’euros. Ce n’est pas le prix d’une villa de luxe mais bien celui d’un traitement contre l’hémophilie B, Hemgenix, qui a récemment été autorisé aux États-Unis. Trop cher ? Pour les fabricants, c’est la juste récompense d’un investissement risqué en recherche et développement. Mais une récente analyse parue dans le British Medical Journal montre que cet argument est bancal.
Depuis de nombreuses années, les coûts exigés pour les nouveaux médicaments sont décorrélés des sommes investies pour les développer. Pire : de plus en plus souvent, c’est grâce aux fonds publics que ces produits sont mis au point. C’est le cas, par exemple, des vaccins contre le Covid-19, pour lesquels les États ont été largement mis à contribution, ou encore du Zolgensma, développé grâce au Généthon. Les prix exigés par leurs fabricants sont pourtant élevés : une seule dose de Zolgensma représente 2 millions d’euros.
Prise de risque assumée par le secteur public
Le phénomène ne se limite pas aux nouvelles molécules. Des traitements plus anciens font eux aussi l’objet d’exigences disproportionnées, sans qu’aucune innovation majeure ne l’explique. L’insuline, dont le brevet a été cédé à un prix symbolique, est au cœur d’une polémique à ce sujet.
À l’heure actuelle, la prise de risque est assumée par le secteur public, tandis que le privé récolte les bénéfices et les distribue aux actionnaires. Les patients, eux, n’en retirent pas grand-chose. Parmi les médicaments récemment autorisés, beaucoup n’apportent qu’un progrès mineur – voire inexistant. Ainsi, en 2021, l’institut de recherche indépendant belge KCE soulignait l’impact incertain des nouveaux traitements du cancer sur la qualité de vie des patients et leur survie globale. Leur impact sur les finances publiques, en revanche, ne laisse aucun doute.