Contenants réutilisables – Les fast-foods ne respectent pas la loi
À l’occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, Que Choisir a fait le tour des fast-foods pour voir comment ils appliquaient les nouvelles règles visant à renforcer l’utilisation de contenants réemployables. Le constat est sans appel : la législation est encore loin d’être bien appliquée.
Chaque année, selon le ministère de la Transition écologique, 20 milliards de gobelets, assiettes, couverts et autres contenants jetables partent à la poubelle. Les fast-foods font partie des secteurs qui en génèrent le plus. Mais depuis quelque temps, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) impose de nouvelles obligations, que ce soit en matière de vente à emporter ou sur place. Pour vérifier si elles étaient appliquées, l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir s’est rendu dans des établissements des 4 principales chaînes de fast-foods (Burger King, KFC, McDonald’s et Quick) ainsi que dans quelques cafés Starbucks et Prêt à manger, plus présents dans les grandes villes. Le bilan est clair : la majeure partie d’entre eux est encore loin d’être dans les clous.
Vente à emporter : aucune chaîne de fast-food ne respecte la loi
Ce que dit la loi. Les clients qui le souhaitent peuvent demander à se faire servir aliments et boissons à emporter dans leurs propres contenants. Une réduction est même appliquée sur le prix des boissons quand le client apporte son verre ou sa gourde. L’établissement ne peut refuser cette demande, sauf dans le cas où le contenant serait « manifestement sale ou inadapté ».
Nous avons commandé un burger-frites, un soda et un thé dans 15 fast-foods et des boissons (une chaude et une froide) dans 6 cafés entre le 15 et le 30 septembre. Seuls ces derniers ont respecté la législation. Non seulement tous les Starbucks et Prêt à manger dans lesquels nous nous sommes rendus nous ont servi sans problème la boisson dans notre gourde, mais en plus, tous affichaient clairement cette possibilité. Quant à la réduction, il a parfois fallu la réclamer, mais elle nous a finalement toujours été appliquée (-0,30 € chez Starbucks et -0,50 € chez Prêt à manger). Dans les fast-foods, c’est une autre histoire. Sur les 15 restaurants que nous avons visités, seuls 4 nous ont servi l’ensemble des aliments dans nos contenants. 3 autres n’ont accepté que notre gobelet pour la boisson froide. Et encore, à chaque fois, le personnel nous a bien précisé qu’il nous faisait une faveur ! Quant à la ristourne sur les boissons, nous ne l’avons jamais eue. Tous les autres ont refusé d’accéder à notre demande. Dans la plupart des cas, des questions d’hygiène étaient avancées, mais certains nous ont aussi avoué que leur contrat de franchise les obligeait à nous remettre des emballages arborant le logo de la marque.
Consommation sur place : le tri s’impose mais la vaisselle réutilisable est encore rare
Ce que dit la loi. Depuis le 1er janvier 2023, l’utilisation d’emballages jetables est interdite dans les établissements de restauration rapide servant plus de 20 couverts simultanément, en cas de consommation sur place. Les repas doivent être servis dans de la vaisselle lavable et réutilisable. Les enseignes sont également tenues de mettre en place un système de tri des déchets.
Sur les 180 fast-foods visités par nos bénévoles entre le 14 et le 28 octobre, seuls la moitié (54 % exactement) servaient toutes leurs boissons destinées à être consommées sur place dans des gobelets réemployables. Les autres ne respectent pas la loi. En effet, 27 % ne servent qu’une partie des boissons dans des gobelets réutilisables et 19 % n’ont recours qu’à des gobelets jetables. Avec respectivement 62 % et 58 % des restaurants qui n’utilisent que des gobelets réutilisables, McDonald’s et Burger King jouent les bons élèves, loin devant KFC (32 %) et Quick (seulement 10 %).
Quant aux poubelles de tri, elles se généralisent un peu partout. Selon nos constatations, 85 % des restaurants en sont désormais équipés. Mais certains trient plus et mieux que d’autres. Nous avons aussi bien trouvé des zones de tri bien équipées (avec un bac par type de déchet) et bien entretenues, que d’autres nettement plus succinctes (deux bacs seulement), débordant de déchets et avec des consignes floues. Reste à espérer que dans tous les cas, les déchets ainsi triés sont bien envoyés dans leurs filières de revalorisation respectives.