Pouvoir d’achat (mai 2022) : hausse des prix dans tous les rayons
Dans les grandes surfaces, tous les rayons (alimentation, produits d’hygiène et d’entretien) sont désormais touchés par l’inflation. Et la situation devrait s’aggraver au cours des prochains mois, du fait de la guerre en Ukraine, mais aussi de la sécheresse, néfaste à l’agriculture.
Remplir son caddie au supermarché deviendra-t-il un luxe ? Selon l’indice dorénavant établi chaque mois par Que Choisir, l’inflation est de 6,1 % au mois de mai par rapport à mai 2021. Comme en avril, ce sont les postes énergie (électricité, carburants et surtout fioul) qui affichent les plus fortes hausses par rapport à l’an dernier. Néanmoins, les mesures prises par le gouvernement, comme le blocage des prix, stabilisent provisoirement la situation.
En revanche, pas de trêve pour l’alimentaire. Les tarifs poursuivent sur leur lancée, avec des hausses de 5,2 % des tarifs des drives (produits d’hygiène et d’entretien inclus) en mai comparé à l’année précédente, alors que cette augmentation s’établissait à 4,5 % en avril. Un taux sans équivalent depuis plus de 30 ans. Tous les rayons sont désormais touchés, y compris ceux qui étaient jusque-là épargnés, comme les boissons. Le record est détenu par le rayon hygiène, qui enregistre une hausse de 8 %. Contrairement au mois d’avril, ce sont cette fois les marques nationales qui ont le plus augmenté : leurs étiquettes affichent en moyenne +6 % sur 1 an (contre +4 % en avril par rapport à avril 2021), tandis que les marques de distributeurs sont à +4 % (contre +5 % en avril).
Des hausses de prix de 7 à 10 % d’ici la rentrée de septembre
Et les perspectives pour les prochains mois ne sont pas réjouissantes : entre les flambées des cours des matières premières agricoles sur les marchés mondiaux, la guerre en Ukraine et la sécheresse qui s’installe en France et ailleurs, la filière de production alimentaire restera très chahutée. L’explosion des coûts de l’énergie, des engrais, des emballages, du plastique, etc., pèse sur tous les maillons, de l’agriculture aux grandes surfaces en passant par la transformation et le transport. Au point que les distributeurs sont contraints de lâcher du lest, lors des renégociations tarifaires en cours avec leurs fournisseurs (comme prévu dans la loi Egalim en cas de forte hausse des coûts de production) après des années de déflation des tarifs des produits alimentaires. Une partie des concessions se répercuteront inévitablement jusqu’au consommateur. Préparez-vous donc à des hausses de 7 à 10 % d’ici la rentrée de septembre ! C’est ce qu’annonçait Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (regroupant plusieurs groupes comme Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, etc.), lors d’une interview sur BFM Business, le 16 mai dernier.
Les Français n’ont pas attendu pour commencer à réduire leurs achats. « Les Français coupent dans un certain nombre de dépenses, constate également Jacques Creyssel. Ils commencent à consommer moins de loisirs, d’habillement, pour la maison, des produits d’hygiène ‒ on voit un recul de 29 % pour les achats de brosses à dents ! En matière alimentaire, ils font la même chose. Un sondage montrait qu’entre 25 et 35 % pensent restreindre leur budget alimentaire. Ça se traduit par : on consomme moins, on consomme davantage de premiers prix, on utilise davantage les promotions. »
Les ménages pauvres subissent une inflation plus élevée que les riches
L’inflation subie par les 20 % des ménages les plus modestes est supérieure, en pourcentage, à celle qui touche les 20 % les plus aisés : 7,1 % pour les premiers, contre 5,1 % pour les seconds, du fait d’une répartition différente des postes de dépenses (en particulier l’alimentation et l’énergie).
Si les plus riches consacrent 60 000 des 90 000 € de leur revenu annuel à la consommation (les 30 000 € restants étant épargnés), une inflation de 5,1 % équivaut à un coût supplémentaire de 3 000 €. Cette somme peut aisément être couverte en puisant dans l’épargne constituée. En revanche, les plus pauvres consacrent en moyenne l’intégralité de leur revenu (20 000 €) à leur consommation. Une inflation de 7 % signifie 1 500 € de dépenses supplémentaires. S’ils ne possèdent aucune épargne, alors c’est l’endettement qui les menace.
Méthodologie
Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.
Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transports, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.
Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2022) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2021). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des prix (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).