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Pouvoir d’achat (juin 2022) : une flambée moindre en France que dans les autres pays européens

L’inflation dans l’Hexagone continue à grimper en juin, pour atteindre 6,9 % selon l’indice calculé par Que Choisir. Pourtant, elle est relativement contenue, entre autres grâce au blocage des tarifs réglementés de l’énergie. Ailleurs dans l’Union européenne, la situation est plus difficile, en particulier dans les États baltes.

Après 5,3 % en avril puis 6,1 % en mai, le taux d’inflation annuel calculé par Que Choisir atteint désormais 6,9 % pour le mois de juin par rapport à juin 2021. Comme les mois précédents, le fioul, les carburants et le gaz sont les principaux contributeurs à l’envolée du coût de la vie. Mais les achats alimentaires, et encore plus l’hygiène-beauté-droguerie, poursuivent eux aussi leur hausse par rapport à l’an dernier. Concernant les autres postes de dépenses, une partie d’entre eux (forfaits, assurances, mutuelles) affiche la même inflation qu’en mai, ce qui signifie une hausse de même ampleur par rapport à 2021. D’autres en revanche, comme le logement, l’achat de véhicule, ou les dépenses de transports, de restauration et de loisirs, accusent de nouveau un point d’augmentation.

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Une inflation plus élevée ailleurs en Europe

Pourtant, nous ne sommes pas les plus à plaindre. En effet, le taux d’inflation annuel en France s’établit à 5,8 % au mois de mai par rapport à mai 2021, ce qui en fait le plus faible de toute l’Union européenne (UE) – c’est Eurostat, l’office européen de statistique, qui le dit ! La situation se détériore continûment depuis la fin de l’année dernière dans la quasi-totalité des pays.

Les États membres les moins bien lotis voient quant à eux cet indicateur grimper nettement plus haut, jusqu’à 20,1 % en Estonie, suivie de près par ses voisins baltes, la Lituanie et la Lettonie. Même l’Allemagne, l’économie la plus solide de l’Europe, voit son inflation s’envoler à plus de 8 %, une situation qui ne lui était plus arrivée depuis le bouleversement de la réunification, en 1990. Seuls les Pays-Bas et l’Islande sont parvenus à freiner la dégradation en mai.

Outre-Atlantique, les États-Unis ne sont pas mieux lotis, avec une hausse des prix à la consommation de 8,6 % sur 1 an. Au point que la FED, la banque centrale américaine, monte ses taux directeurs pour ralentir la consommation et donc baisser indirectement la tension sur les prix.

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Source : Eurostat

L’énergie, principal responsable de la hausse

Comme lors des mois précédents, l’énergie joue le premier rôle dans la hausse du coût de la vie : dans la zone Euro (1), son prix a globalement augmenté de 39 % en 1 an, contribuant à quasiment la moitié de l’inflation. C’est paradoxalement le poids de ce secteur qui explique le bon résultat de la France. Notre pays bénéficie d’une électricité nucléaire à un prix abordable, et dépend moins du gaz et du charbon russe qu’une bonne partie de ses voisins. De plus, le gouvernement a mis en place des mesures qui ont enrayé la flambée des prix (blocage des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité, aide de 15 centimes à la pompe). D’autres pays entreprennent eux aussi de limiter l’impact de cette flambée de l’énergie : le Portugal et l’Espagne n’attendent plus que l’accord de la Commission européenne pour bloquer le prix du gaz, tandis que l’Italie a suspendu certaines taxes sur l’électricité, le gaz et les carburants. Et au Royaume-Uni, le gouvernement accorde une aide de 5 pences par litre sur les carburants.

Une inflation qui persistera jusqu’en 2024

Mais ces dispositifs, coûteux pour le budget de l’État, sont transitoires : à ce jour, le gouvernement a annoncé les maintenir jusqu’à fin 2022. Or, l’inflation devrait perdurer en 2023 avant de redescendre autour de 2 % en 2024, selon les prévisions de la Banque centrale européenne publiées le 9 juin. Des chiffres à prendre avec précaution, la situation économique européenne dépendra en partie de l’évolution du conflit en Ukraine, mais aussi des aléas liés aux variants émergents du Covid et des accidents climatiques qui pourraient impacter la production alimentaire.

Méthodologie

Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.

Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transports, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.

Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2022) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2021). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des prix (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).

(1) La zone Euro comprend 19 des 27 États membres de l’UE : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie.