Pouvoir d’achat (octobre 2022) : le secteur alimentaire subit durement la flambée de l’énergie
La hausse des prix alimentaires s’élève à 12 % en octobre par rapport à octobre 2021, selon l’indice calculé par l’UFC-Que Choisir. Compte tenu du coût de l’énergie pour les industries agroalimentaires, on peut redouter que cette inflation s’accentue en 2023. L’inflation globale, elle, est moins forte qu’en septembre, à +5,8 %.
Alors que le blocage des tarifs du gaz et de l’électricité et les ristournes à la pompe calment l’affolement sur le poste énergie (à l’exception du fioul), il n’en va pas de même pour l’alimentation. Les prix en grande surface continuent sur leur inquiétante lancée : l’inflation s’accentue à +12 % en octobre par rapport à octobre 2021, après +9,5 % en septembre et +8,7 % en août, selon l’indice calculé par l’UFC-Que Choisir. Du jamais vu depuis 1990, si l’on se réfère à l’historique de l’Insee… La dernière poussée de fièvre date de la crise financière de 2008, et l’inflation alimentaire avait alors à peine dépassé 6 %.
Les produits laitiers connaissent la plus forte hausse (+16 %), suivis par les produits frais (+13 %) et les produits d’épicerie (+13 %). Malgré ces chiffres, la situation est relativement clémente pour les consommateurs français, comparé à leurs voisins européens : l’inflation alimentaire est de 15,5 % en Allemagne, de 13,8 % en Espagne et de 10,7 % en Italie.
Le coût de l’énergie met à mal le secteur agroalimentaire
Mais les étiquettes risquent fort de poursuivre leur valse les prochains mois. En effet, les industriels de l’agroalimentaire subissent de fortes hausses des coûts de production cette année, qu’ils sont loin d’avoir répercuté à leurs acheteurs de la grande distribution. D’après une enquête de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) auprès de ses membres, les augmentations sont de :
- +29 % pour le coût des matières premières agricoles par rapport à 2021 (contre +2,2 % sur 2020 par rapport à 2019) ;
- +26 % pour le coût des emballages carton et plastique (contre +2,8 %) ;
- +57 % pour le coût de l’énergie (contre +2,2 %).
Et ce n’est pas fini. « La facture d’électricité et de gaz va être multipliée par trois dès 2023 par rapport à 2022, et par cinq par rapport à 2021, voire davantage », alertait Jean-Philippe André, le président de l’Ania, lors d’une conférence de presse le 28 septembre. Or, cette industrie est très consommatrice d’énergie, pour transporter les matières premières, pour cuire, pasteuriser, congeler, etc. Les industriels dont le contrat d’électricité échoit en 2022 seront contraints d’acheter au prix fort en 2023. À moins que certains ne fassent le choix de suspendre leur activité…
L’inflation globale ralentit
Outre l’énergie, l’alimentation et les produits d’hygiène-beauté (+11 %), ce sont les produits d’équipement de la maison, en particulier l’électroménager, qui ont accusé les plus fortes hausses ce mois-ci (lire l’encadré). Mais une relative tenue des tarifs sur les autres postes permet de contenir l’inflation globale à +5,8 % contre 6,1 % le mois dernier. Comment évoluera-t-elle sur les prochains mois ? Le gouvernement estime que la hausse des prix se poursuivra sur les premiers mois de 2023, avant de refluer. Sur l’année, il table sur une inflation de +4,2 %. Mais ce chiffre est à prendre avec précaution, tant la situation dépend de l’évolution de la guerre en Ukraine.
L’équipement de la maison touché à son tour
Des réfrigérateurs, des smartphones et des radiateurs qui affichent +11 %, des lave-linge et des plaques de cuisson à +5 %, du matériel de nettoyage à +12 %… Les appareils d’équipement de la maison, électroménager ou produits high-tech, subissent à leur tour la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières. Seule consolation : contrairement à l’alimentation, il est possible de reporter certains achats en attendant un reflux des prix.
Méthodologie
Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.
Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.
Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2022) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2021). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).