Billet de notre Président national : lutte contre le greenwashing alimentaire, la méthodologie de l’UE n’est pas mûre !
Alors que la Commission européenne devait présenter sa proposition législative attendue de longue date sur l’encadrement des allégations écologiques le 30 novembre, celle-ci a été reportée à l’année prochaine. Une déception ? Au risque de surprendre… Je dois dire non. C’est une satisfaction puisque nous l’avions appelé de nos vœux.
Évidemment, sur le papier, l’objectif de ce texte est important. Toutes sortes d’allégations vertes fleurissent dans les magasins, pour vanter les avantages pour la planète de ce flacon de shampoing « 100 % issu de plastique recyclé » ou bien d’un café « neutre en carbone ». Ces belles allégations ne sont trop souvent qu’illusion. Une réglementation est donc indispensable pour faire le ménage et s’assurer que le consommateur souhaitant réduire l’impact environnemental de ses achats ne soit pas induit en erreur et que les fabricants soient incités à adopter des pratiques plus vertueuses.
Cependant, le diable se cachant dans les détails, la méthodologie que la Commission européenne prévoyait d’utiliser pour définir si une allégation écologique est trompeuse ou non pour le consommateur s’avérait contre-productive. Appelée PEF (Product Environnemental Footprint) et basée principalement sur l’analyse de cycle de vie, cette méthode de calcul n’est absolument pas adaptée pour les produits alimentaires.
J’en veux pour preuve qu’elle ne prend ni en compte l’impact négatif sur l’environnement et la santé humaine de l’agriculture intensive dopée aux pesticides et aux engrais chimiques, ni l’impact positif sur la biodiversité des modes de production extensifs ou de l’agriculture biologique. Avec la méthode PEF, pas de distinction donc entre l’évaluation d’une pomme ayant subi en moyenne 35 traitements de pesticides et une pomme bio… Un comble ! Nous l’avions d’ailleurs dénoncé avec ferveur lors d’une conférence au Parlement européen.
C’est pourquoi je tiens à saluer ce report, car il est certain qu’une discussion plus approfondie doit se tenir. S’il peut apparaître technique, le choix de cette méthode de calcul impactera le débat sur l’affichage environnemental de l’alimentation en cours au niveau français, mais aussi plus largement le modèle agricole et alimentaire de demain. Si les consommateurs sont prêts à se tourner vers une consommation plus responsable, Blanche-Neige leur a appris la méfiance : ils veulent bénéficier d’informations fiables et pertinentes avant de croquer à pleines dents dans la pomme.
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir