Billet de notre Président national : démarchage téléphonique, la ligne est toujours occupée !
Alors que la loi interdisant le démarchage téléphonique en matière de formation professionnelle a été définitivement votée au Sénat ce jeudi 8 décembre, je ne peux que déplorer que le Gouvernement refuse une nouvelle fois de prendre de véritables mesures globales pour mettre fin une bonne fois pour toutes aux appels commerciaux aussi intempestifs qu’incessants !
L’encadrement du démarchage téléphonique repose sur une hypocrisie générale dont sont bien conscients le Gouvernement et nos parlementaires : la grande majorité des consommateurs ne souhaite pas être importunée par la prospection téléphonique mais ils sont pourtant tous présumés consentants à être démarchés par téléphone…
Droit dans ses bottes et en flagrant délit de cynisme, le Gouvernement continue de s’arc-bouter sur une rhétorique bien connue : chaque personne qui le souhaite peut s’inscrire sur le dispositif BlocTel. Or, malgré les réformes intervenues pour le renforcer, ce registre d’opposition brille par son inefficacité. Les appels continuent et un grand nombre d’entreprises n’expurge pas ses listes d’appels des numéros de personnes inscrites sur BlocTel comme l’a souligné une récente enquête de la DGCCRF auprès de 800 établissements. La moitié des établissements contrôlés étaient en infraction pour un dispositif qui, rappelons-le, existe depuis 6 ans et est une obligation légale pour les entreprises. En matière d’efficacité, cela revient à écoper la mer à la petite cuillère. Les stratégies des entreprises pour contourner BlocTel et le manque de moyens pour les contrôles appellent à des mesures fortes.
Au-delà du caractère intrusif de ces appels, il faut rappeler la liaison dangereuse entre démarchage téléphonique et litiges de consommation qui exige un changement de braquet. De même, alors que les abus en matière de démarchage téléphonique jettent souvent le trouble quant à la confiance des consommateurs sur l’ensemble du secteur concerné (ex : rénovation énergétique), le ministère de l’Économie serait bien inspiré de restaurer cette confiance en interdisant par défaut le démarchage téléphonique, plutôt que de mettre en place des interdictions sectorielles à la petite semaine.
Plus que jamais, j’appelle le Gouvernement à réellement garantir la tranquillité de tous en instaurant le principe – comme pour les SMS et les courriels – selon lequel le consommateur doit avoir préalablement accepté d’être démarché. Stop au harcèlement généralisé !
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir