Bien-être animal : le broyage des poussins, c’est fini !
Depuis le 1er janvier 2023, cette méthode d’élimination des petits mâles à peine sortis de l’œuf est proscrite. La filière des poules pondeuses a développé des machines pour sexer et sélectionner l’embryon dans l’œuf avant éclosion. Petit hic, cette technique ne concerne que 85 % des poussins…
Après plusieurs reports, c’est désormais chose faite : le broyage des poussins mâles est interdit depuis le 1er janvier 2023. Cette pratique avait cours de longue date dans la filière des poules pondeuses, car les petits mâles des souches de volailles utilisées pour la ponte d’œufs de consommation ne sont pas aptes à être engraissés pour leur chair. Mais elle révulsait largement au-delà des défenseurs du bien-être animal. La filière française des œufs, poussée par l’État, a donc préféré y mettre fin ‒ une décision conjointe avec l’Allemagne, autre gros producteurs d’œufs en Europe.
Des machines à sexer les œufs
Les poussins mâles ne couleront pas des jours heureux pour autant. En effet, ils ne verront tout simplement pas le jour ! N’étant pas rentables à élever, ils ne sont pas les bienvenus. La filière a donc développé des machines pour sexer automatiquement l’embryon dans l’œuf même, au bout de deux semaines d’incubation. Les œufs « mâles » sont écartés et utilisés par exemple dans l’alimentation animale. Surcoût estimé : 0,0059 € par œuf vendu en grande surface.
Seuls 85 % des œufs concernés
Malheureusement, le sexage ne concerne que les œufs de poules brunes, soit 85 % de la production française. Dans la filière ponte, deux souches de volailles sont utilisées, la brune et la blanche, en référence à la couleur de leur plumage mais aussi de leurs œufs. Les œufs blancs sont utilisés en restauration hors domicile et en industrie agroalimentaire, tandis que les œufs bruns sont destinés à la vente au détail, les Français préférant cette couleur.
Le sexage de l’embryon à 14 jours d’incubation est réalisé par analyse optique, à travers la coquille, de la couleur des plumes, sachant que mâles et femelles de la souche brune n’ont pas la même couleur de duvet. Cela n’est malheureusement pas possible pour la souche blanche. Une autre technique de sexage pourrait être utilisée (par dosage d’une hormone dans l’œuf), mais elle est plus onéreuse. Un surcoût qui ne peut être assumé par la filière, alors que cette production destinée à l’industrie agroalimentaire est soumise à une forte concurrence européenne. Yves-Marie Beaudet, président du Comité national pour la promotion de l’œuf (l’interprofession regroupant les acteurs de la filière) précise que « le sexage des œufs blancs n’est pas encore possible, mais les professionnels y travaillent » pour aboutir dans les mois ou les années qui viennent.
Les poussins blancs tués par gazage au CO2
D’ici là, ce sont donc 15 % des poussins qui ne sont pas soumis au sexage et qui sont éliminés, non par broyage, mais par asphyxie au CO2. Une pratique à laquelle les associations de protection des animaux s’opposent également.