Eau augmentée Weo – Miracle ou mirage ?
Une bouteille qui électrolyse l’eau, conférant à cette dernière des propriétés fabuleuses ? C’est la promesse de Weo, une start-up américaine. En guise de preuves, des arguments… pittoresques.
« Les gens qui boivent notre eau tombent moins malades, car cette eau augmente l’immunité. » Voilà une entrée en matière alléchante pour une présentation à la presse ! Objectif de la séance, qui se déroule le 12 septembre à Paris ? La promotion d’une technologie « révolutionnaire » inventée par le président de Weo, Anthony Ginter, un Français émigré à Miami, en Floride. Sa bouteille produit une eau « augmentée » par électrolyse, ce qui lui confère « des propriétés biologiques qui vont bien au-delà de la stricte hydratation », assurent les deux speakers de Weo, Gilles Bazan et Arnaud Hué.
Vous avez des problèmes de peau, de cheveux, d’ongles ? Buvez de l’eau Weo, ou appliquez-la sur la zone souhaitée, et tout ira mieux. Elle aide aussi à cicatriser les brûlures grâce à ses propriétés anti-inflammatoires, car elle est « communicante » et « alerte votre système immunitaire. On est aussi très forts sur le psoriasis ». Idem en ce qui concerne le stress ou le syndrome métabolique. « Et sur la digestion, c’est vachement bien. Et voilà ! » Ils sont beaucoup moins forts, en revanche, sur la réglementation. Toute allégation médicale doit être démontrée, études à l’appui, ce qui n’est pas le cas ici.
Blabla déconnecté
La suite du discours est un condensé de jargon pseudo-scientifique, qui fait effet sur l’assemblée. Le module – connecté, évidemment – est équipé d’électrodes « couvertes de diamant dopé bore ». Cela explique sans doute son prix stratosphérique de 199 € ! « L’eau est rechargée en énergie, puis la molécule éclate, nous déclare-t-on. Cela permet de libérer de l’ozone, du peroxyde d’hydrogène et de l’oxygène. Puis elle se charge en bioéléments. On en produit jusqu’à 200 espèces. » La salle frémit, ça semble puissant… Sauf que tout cela n’a aucun sens. Pour faire simple, l’eau ne se « recharge » pas en énergie, ce n’est pas une batterie. Parmi les divers gaz formés lors de l’électrolyse, l’hydrogène (qu’ils ne citent pas) est le seul potentiellement intéressant pour la santé, en raison de propriétés antioxydantes, l’ozone et le peroxyde d’hydrogène étant, eux, nocifs – contacté, Weo allègue avoir contourné ce problème grâce à sa technologie « confidentielle ». Quant aux « bioéléments », il s’agirait « d’arrangements atomiques » « encapsulés » dans des « clusters », mais impossible de cerner leur nature !
Pas à une contradiction près, les deux porte-paroles avouent qu’il n’y a « rien de scientifique, car il n’y a pas encore d’études. Mais on a la preuve scientifique. Bon, on n’a pas toutes les preuves scientifiques car l’eau est partout, cependant on sait, en faisant des études in vitro, in vivo, que notre eau est pleine d’énergie », enchaînent-ils. Bigre !
Très perplexe, Que Choisir a tenté de comprendre le principe de cette eau « augmentée » et cherché les « preuves scientifiques » en épluchant la liste des publications fournies. Certaines sont attribuées à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ou au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Interrogés, les deux organismes affirment n’avoir aucun lien avec Weo. S’il existe effectivement des études sérieuses suggérant un intérêt de l’eau hydrogénée pour certaines pathologies, leurs résultats ne sont que préliminaires – et aucune n’associe Weo. Vous êtes en bonne santé ? Vous n’avez nul besoin « d’augmenter » votre eau !