Pouvoir d’achat (juillet 2023) – Reflux de l’énergie mais pas de l’alimentaire
L’inflation globale recule légèrement (5,7 % contre 6,2 % en juin), portée par les baisses de tarifs des carburants fossiles. C’est loin d’être le cas pour l’alimentation, où les prix repartent à la hausse début juillet. Les autres postes de dépenses sont également en augmentation.
L’heure est à la détente partielle sur le front de l’énergie. La baisse des cours mondiaux du pétrole et du gaz se répercute enfin sur les prix au consommateur, du moins pour le fioul et les carburants. Car l’électricité, elle, poursuit sa hausse, et ce n’est pas fini : les tarifs réglementés vont à nouveau augmenter de 10 % au 1er août (après 15 % en février dernier) pour les ménages, ainsi que les commerçants, artisans et petites entreprises. L’augmentation suivante ne devrait pas avoir lieu avant le 1er février 2024, dans l’optique d’une sortie progressive du bouclier tarifaire.
Alimentation : +19 % en juillet
En revanche, l’alimentation repart à la hausse en juillet, avec des prix supérieurs de 0,6 % à ceux du mois dernier, après un léger reflux en juin (-0,2 % par rapport à mai 2023), selon nos relevés. L’inflation sur 1 an remonte à 19 %, avec des pics à plus de 20 % pour les produits laitiers, le poisson, la charcuterie, le traiteur sucré comme salé, ainsi que l’alimentation animale. Les consommateurs devront encore attendre que se concrétisent les annonces du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur la prolongation du trimestre anti-inflation, ainsi que sur l’engagement de 39 marques nationales de l’agroalimentaire de modérer leurs tarifs dès l’été…
Pourtant, Bruno Le Maire avait évoqué, le 9 juin sur BFMTV, plusieurs produits qui auraient dû baisser « dès le mois de juillet », à l’instar de l’huile de colza et de tournesol, les pâtes, la volaille, les céréales, l’alimentation animale (mais pas le porc, le bœuf ou le lait), du fait d’une détente sur les marchés mondiaux. Des « remises en fond de rayon de 2 à 10 % » devaient également être consenties, là aussi « dès le mois de juillet », sur plusieurs centaines d’aliments de base, « les pâtes étant un bon exemple », d’après le ministre.
Un mois après, les promesses sont renouvelées, et on attend encore qu’elles se concrétisent dans les rayons… À la suite d’une réunion avec Bercy le 13 juillet, le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) Jean-Philippe André a confirmé à l’AFP qu’une « quarantaine » de grandes entreprises agroalimentaires s’étaient engagées à faire « un effort » sur les prix d’« à peu près 1 000 produits ». Il s’agirait de promotions au cours des trois prochains mois, permettant « des baisses de 5 à 10 % ». Reste à savoir si cette opération – qui concerne un millier de produits sur plusieurs dizaines de milliers de références ‒ permettra réellement de dégonfler le coût du panier de courses.
Name & shame
Ne nous faisons pas d’illusions sur l’ampleur des baisses attendues, comme l’illustrent les propos du président de l’Ania (Ouest-France du 13 juillet) : « Il faut être clair : en 2024, on ne retrouvera pas les prix de 2019, car tout l’environnement a changé. » Face à ce manque de volontarisme, Bruno Le Maire a menacé de manier le « name & shame », qui consiste à dévoiler le nom des entreprises, envers « les industriels qui ne jouent pas le jeu dans la lutte contre l’inflation ». On attend les noms avec impatience !
Mais la balle est aussi dans le camp des grandes enseignes. Nos relevés montrent que ce sont les marques de distributeurs qui ont le plus augmenté depuis le début de cet épisode d’inflation : +23 % entre juillet 2022 et juillet 2023, contre +19 % pour les marques nationales.
Les services grimpent aussi
La hausse de l’alimentation focalise l’attention, par son ampleur et son impact sur le budget des ménages. Mais tous les autres postes, excepté l’énergie, se renchérissent aussi. C’est en particulier le cas des forfaits (+9 %), ou encore des dépenses de transport ou de santé (+7 %). Les beaux jours sont arrivés, sauf pour notre porte-monnaie !
Méthodologie
Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.
Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.
Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2023) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2022). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).