UFC-Que Choisir de l'Eure

Dates de consommation : vers un étiquetage plus clair sur les aliments

La différence entre la date limite de consommation (DLC) et la date de durabilité minimale (DDM) n’est pas claire pour de nombreux consommateurs, engendrant du gaspillage alimentaire. Pourtant, s’il convient de ne plus consommer l’aliment lorsque la DLC est dépassée, ce n’est pas le cas pour la DDM. Un récent décret tente de clarifier le message sur l’emballage.

Manger ou ne pas manger, telle est la question que nous nous posons tous un jour, face à un aliment oublié au fond du réfrigérateur… Selon la nature du produit, il faut se référer à la date limite de consommation (DLC) ou à la date de durabilité minimale (DDM) figurant sur l’emballage. Mais, alors qu’un produit ayant dépassé la DLC ne doit plus être consommé pour des raisons sanitaires, ce n’est pas le cas pour la DDM, qui garantit seulement une qualité optimale (voir encadré). Or, de nombreux consommateurs confondent les deux.

Un décret d’application de la loi antigaspillage de 2020 (dite loi Agec), publié le 18 novembre 2022 au Journal officiel, apporte des précisions pour lever l’ambiguïté. La DDM pourra désormais être complétée par plusieurs mentions :

  • « Pour une dégustation optimale » avant l’indication de la DDM ;
  • « Ce produit peut être consommé après cette date » ou équivalent, après la DDM.

Objectif : éviter que les consommateurs ne jettent des aliments encore consommables, afin de réduire le gaspillage alimentaire. Chaque année, les ménages jettent 30 kg d’aliments par personne, dont le tiers sont des aliments périmés ou encore emballés.

DDM et DLC, les différences

DDM (date de durabilité minimale)

date de durabilité minimale

Elle est indiquée par la mention « À consommer de préférence avant le… » suivie de la date jour/mois/année (ou d’un renvoi vers l’endroit où cette date figure, par exemple « voir sur le couvercle »).

Il s’agit de la date jusqu’à laquelle la denrée conserve son apparence ou ses qualités nutritives, de goût, d’odeur, de texture… Après cette date, vous pouvez néanmoins la consommer sans risque, à condition que l’emballage n’ait pas été endommagé. Vérifiez auparavant si l’aspect, l’odeur ou le goût ne sont pas altérés. Il peut s’agir du café, du chocolat, des pâtisseries sèches, de farine, riz, pâtes, lentilles, etc.

DLC (date limite de consommation)

date limite de consommation

Elle est indiquée par la mention « À consommer jusqu’au… » suivie du jour et du mois (ou d’une mention renvoyant vers l’endroit où figure cette date).

C’est la date après laquelle la denrée ne doit plus être consommée, car susceptible de présenter un risque pour la santé. Elle ne peut plus être commercialisée non plus. Elle concerne des denrées très périssables, comme la viande fraîche, la charcuterie, le poisson, le lait, les plats cuisinés réfrigérés, etc.

Cette DLC, imposée par la réglementation, est parfois largement surestimée : ce sont les fabricants eux-mêmes qui la déterminent. Or, ils ont tout intérêt à annoncer une durée courte, afin de limiter les risques au maximum, mais aussi de renouveler plus vite leur offre. Les yaourts, souvent encore mangeables plus d’un mois après la DLC, sont un exemple emblématique ; c’est aussi un cas particulier car il s’agit d’un produit acide, qui ne présente pas de risque microbiologique élevé. Le fait que les DLC diffèrent selon les lieux de vente laisse également perplexe sur leur pertinence.

Pictogramme « Observez sentez goûtez »

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L’application Too Good To Go a lancé dans plusieurs pays de l’Union européenne un pictogramme « Observez sentez goûtez », pour inciter les consommateurs à ne pas jeter un produit à la DDM dépassée sans avoir vérifié s’il est mangeable. Il est encore peu présent en France. On peut néanmoins le voir sur quelques exemplaires de marques comme la Vache qui rit, les céréales Kellogg’s et Chocapic, la purée Mousseline, les yaourts Les2Vaches, l’huile Lesieur Isio4…

26 novembre 2022

Peugeot 408 : premières impressions

Si la nouvelle Peugeot 408 se veut être une berline, le spectre des SUV plane et la routière en reprend certains codes de style. La ligne est donc clivante, et pourrait ne pas plaire à tous. La finition et l’agrément de conduite, eux, feront l’unanimité.

Peugeot 408

C’est indéniable, la toute nouvelle Peugeot 408 est bel et bien une berline, de la catégorie des routières : sa faible hauteur et, surtout, la position de conduite basse le prouvent. Mais le constructeur n’a pas totalement fait l’impasse sur le monde du SUV dont l’influence est bien présente : la garde au sol surélevée et les passages de roues enveloppés de garnitures noires confèrent à la 408 un air de véhicule tout chemin. Si le résultat est plutôt convaincant dans l’ensemble, nous n’avons en revanche pas été séduits par la partie arrière, trop anguleuse et complexe visuellement.

Qualité de vie à bord

Peugeot 408
La qualité de fabrication de la nouvelle voiture de Peugeot est de bonne facture.

L’habitacle de la Peugeot 408 est très bien réalisé. Il utilise des matériaux de choix, agréables au toucher et très bien assemblés. Au centre de la planche de bord règne un écran de 10 pouces. Le menu, qui rappelle celui des smartphones avec leurs icônes, est assez ergonomique. Il subsiste toutefois quelques touches d’accès physiques pour afficher rapidement des fonctions particulières comme le chauffage ou la navigation. On trouve juste en dessous des « i-toggles », des touches de raccourci tactiles entièrement configurables pour accéder en un clic aux réglages de la climatisation, au téléphone, à la radio, etc. Puis, encore en dessous, d’autres touches, traditionnelles cette fois, permettent d’enclencher une commande en une pression. Nous avons particulièrement apprécié la plus à gauche, symbolisant une voiture de face, qui permet d’inhiber certaines aides à la conduite. Il faudra au préalable et une fois pour toutes enregistrer les préférences dans le menu principal.

Le conducteur trouvera devant lui la dernière mouture du i-Cokpit avec son affichage en 3D (sur la finition haut de gamme GT). Entièrement paramétrable et personnalisable depuis le commodo dédié, ce combiné numérique possède plusieurs modes d’affichage : navigation, radio/média, aides à la conduite, flux d’énergie (pour la version hybride rechargeable)… Malheureusement, et comme d’habitude avec ce système, nous n’arrivons pas à le voir entièrement car la partie inférieure sera toujours cachée par le volant. La seule solution aurait été de baisser le volant et de monter le siège au maximum mais la position de conduite s’avère alors totalement inconfortable.

Peugeot 408
Une partie du combiné d’instruments numérique est cachée par le volant.

Pour le reste, seules quelques minutes d’apprentissage seront nécessaires pour maîtriser totalement les commandes au volant. Enfin, les commandes situées sur la console centrale sont peu nombreuses et on trouve un sélecteur de vitesses à 3 positions (toutes les 408 reçoivent une boîte de vitesses automatique EAT8), un bouton P (parking) et, pour les motorisations hybrides, le bouton brake (B) qui permet d’activer le freinage régénératif. Dans le cas de la version thermique, ce dernier est remplacé par un bouton manuel (M), qui permet de sélectionner manuellement la vitesse engagée grâce aux palettes situées derrière le volant. S’ajoute un sélecteur de mode de conduite, qui permet d’opter, selon la motorisation, pour le mode tout-électrique, éco, hybride, normal ou sport.

Les passagers avant seront très bien installés et disposent de sièges confortables assurant un bon maintien, leurs multiples réglages permettant de trouver facilement une bonne position. À l’arrière, c’est le chaud et le froid. L’accès n’est pas très évident pour les plus grands gabarits (plus de 1,80 m) ou pour ceux qui ont du mal à se baisser pour passer la tête sans encombre car ils risquent de se cogner sur l’arrête du toit. Heureusement, une fois installé, on dispose d’une place assez importante, notamment pour les jambes. Quant à la garde au toit, dont on peut légitimement douter de sa générosité en raison de la ligne plongeante, elle s’avère suffisante. Malgré tout, les plus grands auront un sentiment d’oppression en raison du manque d’espace au-dessus de la tête.

Avec 536 l, le volume de coffre pour les versions thermiques est très appréciable mais les 471 l disponibles sur les hybrides, la faute à la présence des batteries sous le plancher, sont un peu justes.

Peugeot 408
Le volume de coffre est appréciable, sauf sur l’hybride rechargeable.

Au volant

En attendant la motorisation 100 % électrique début 2023, nous avons pris le volant de la version hybride rechargeable de 225 ch, sachant qu’une version 180 ch est aussi disponible. Dans notre cas, c’est un moteur PureTech de 180 ch (132 kW) associé à un moteur électrique de 110 ch (81 kW) alimenté par une batterie d’une puissance de 102 kW pour une capacité de 12,4 kWh. Pour la version 180 ch, seul le moteur thermique est remplacé par un bloc de 150 ch (110 kW). Ces mécaniques sont bien connues puisqu’elles sont déjà présentes sur de nombreux modèles du groupe Stellantis. Pas de grosses surprises donc.

Le moteur est agréable et la boîte de vitesses automatique e-EAT8 est douce et réactive. Les modes de conduite permettent en outre de disposer de comportements différents. En mode sport par exemple, les passages de rapports sont plus tardifs pour offrir de meilleures relances. Dans ces conditions et sur des routes de montagne, le moteur aura avalé une moyenne de 10 l/100 km. Et en conduite normale sur autoroute, en mode hybride avec les batteries chargées, notre consommation moyenne s’est établie à 5,5 l/100 km. C’est malgré tout un peu gourmand pour ce genre de mécanique habituellement plus sobre. En mode électrique, nous n’avons pu parcourir que 47 km. Cela peut sembler juste par rapport aux quelque 60 km annoncés par le constructeur mais il faut dire que notre trajet a été réalisé sur autoroute, avec de nombreuses montées à négocier. L’autonomie en mode électrique est donc plutôt convaincante et fait partie de la moyenne haute du segment.

Peugeot 408
La version hybride rechargeable de la 408 permet de rouler une cinquantaine de kilomètres en mode électrique.

Le comportement routier est très serein et les suspensions assurent une bonne filtration des irrégularités de la route. Toutefois, sur des défauts de revêtement on note une plus grande fermeté de l’amortissement qui peut alors générer des secousses pas toujours agréables. Sur route, nous avons apprécié le ressenti qu’offre la direction précise et directe, ainsi que le volant de petite taille très agréable à manipuler. Un petit regret : le diamètre de braquage un peu grand qui impose parfois de manœuvrer pour se garer dans une place étroite ou faire un demi-tour. Attention car la visibilité est globalement très moyenne et même limite vers l’arrière. La faible hauteur des vitres latérales et la lunette arrière très inclinée n’offrent en effet qu’un piètre champ de vision au conducteur. Il faudra donc bien se familiariser avec le gabarit de l’auto avant d’effectuer une manœuvre délicate.

Peugeot 408
La garde au toit à l’arrière est juste suffisante et la visibilité n’est pas très bonne vers l’arrière.

Sécurité

La nouvelle Peugeot 408 propose un dispositif très complet de systèmes d’aide à la conduite de dernière génération qui recueillent leurs informations provenant de 6 caméras et de 9 radars. Parmi les dispositifs les plus innovants pour sa catégorie, on peut citer le système de vision de nuit (Night Vision) permettant de détecter des êtres vivants (humains et animaux) devant le véhicule de nuit ou par visibilité réduite ou encore la surveillance d’angle mort à longue portée (75 m).

Ultérieurement, Peugeot devrait proposer le pack Drive Assist 2.0. Ce dernier se compose du régulateur de vitesse adaptatif avec fonction stop & go et de l’aide au maintien de la position dans la voie auquel il ajoute 2 nouvelles fonctions :

  • le changement de voie semi-automatique, qui propose au conducteur de dépasser le véhicule le précédant puis de se rabattre, à partir de 70 km/h et jusqu’à 180 km/h, simplement en actionnant le clignotant ;
  • la préconisation anticipée de la vitesse, qui suggère au conducteur d’adapter sa vitesse (accélération ou ralentissement) selon les panneaux de limitation de vitesse.

La Peugeot 408 en résumé

Arborant un style affirmé qui pourrait ne pas plaire à tous, la Peugeot 408 entre dans le monde des berlines routières par la grande porte. Elle dispose de très bons arguments pour se faire une place, à commencer par une très bonne tenue de route, un agrément de conduite de haut niveau et une finition de qualité.

Côté tarifs, la nouvelle berline est assez bien positionnée. Les prix débutent en effet à 37 350 € pour atteindre au minimum 45 450 € pour l’Hybrid 180 et jusqu’à 51 400 € en Hybrid 225 GT. Tout cela au risque de cannibaliser les ventes de sa grande sœur, la 508, voire d’autres modèles de la marque comme la récente 308 désormais proposée en version break SW qui se vend 3 000 € de moins. À l’inverse, la 408 est moins chère, d’un peu plus de 1 000 €, que le SUV 3008. Mais là, c’est surtout le style et l’habitabilité, notamment à l’arrière, qui feront la différence.

Les +

  • Ligne séduisante
  • Habitabilité à l’avant
  • Volume de coffre (sauf hybride rechargeable)
  • Finition
  • Confort de conduite

Les –

  • Visibilité
  • Quelques bruits aérodynamiques
  • Diamètre de braquage
Peugeot 408
26 novembre 2022

Assurance vie : faut-il encore croire aux fonds euros ?

Pour les 53 millions de contrats d’assurance vie détenus actuellement par les Français, 2022 ne devrait pas être une grande année. Les rendements des fonds euros devraient en effet être tous négatifs au regard de l’inflation galopante. Ils ne devraient pas non plus suivre la récente hausse des taux, ce qui les conduirait à remonter fortement. En attendant que les assureurs communiquent les performances de ces fonds d’ici quelques semaines, on vous explique la mécanique complexe, ou plutôt les vents contraires qui soufflent actuellement sur ce placement dont l’encours s’élève à plus de 1 826 milliards d’euros.

Souvenez-vous : il y a quelques années, on prédisait la mort du fonds euros du fait de la baisse historique et continue des taux des obligations, produits financiers que les assureurs détiennent majoritairement pour pouvoir rémunérer l’épargne qui leur est confiée. Baisse qui s’est concrètement traduite par des rendements qui sont passés de +5,8 % en 1997 à +1,28 % nets de frais de gestion seulement en 2021 (source : cabinet d’études Le Cercle de l’épargne). Résultat : à quelques exceptions près, les assureurs se sont alors mis en ordre de bataille pour promouvoir les unités de compte (UC), supports financiers investis en actions et qui, contrairement aux fonds euros classiques, ne comportent aucune garantie en capital. Autrement dit, avec eux, il est certes possible d’engranger des gains lorsque les marchés financiers sont bien orientés, mais il est également possible de subir des pertes lorsqu’ils sont baissiers.

Des prises de risques portées par les épargnants

Pour cette « promotion », des moyens variables ont été employés au fil des ans : il n’a ainsi plus été possible de loger la totalité de ses versements dans le fonds euros de nombreux assureurs (Axa, Prédica, Suravenir…). Dans une logique légèrement différente, des bonus de rendement, qui vont crescendo avec la proportion d’unités de compte du contrat, et que l’on peut assimiler à une forme de récompense à la prise de risques, sont apparus (Axa, Swiss Life…). Sans oublier les frais sur versements qui ont pu être majorés, afin de tenter de détourner des fonds euros les irréductibles qui préféraient encore jouer la carte de la sécurité à celle du risque (avec la perspective, non garantie, de rendements plus élevés).

Un changement de décor brutal

En 2022, changement de décor. L’inflation (apparue dès la mi-2021) se met à galoper et les taux des produits obligataires se mettent brutalement à remonter : on n’avait pas vu cela depuis les années 1980 ! Désormais la question est de savoir si les rendements 2022 qui seront annoncés début 2023 vont continuer à s’inscrire dans cette tendance peu alléchante « de taux fortement négatifs, ce qui constitue un phénomène nouveau et complexe pour les assureurs vie », tel que le souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, ou si, au contraire, à la lueur de ce contexte spécifique, ces rendements bénéficieront eux aussi de cette remontée des taux d’intérêts.

En effet, outre la possibilité d’adopter une gestion globalement un peu plus active que par le passé, les assureurs peuvent aujourd’hui profiter de la hausse des taux d’intérêts pour acheter des obligations aux rendements nettement plus intéressants que ceux de ces dernières années. Problème : ces nouvelles obligations ne remplacent et ne remplaceront que progressivement les anciennes arrivées à échéance. Par exemple, Odile Ezerzer, directrice de Macif Finance Épargne et directrice générale de Mutavie indique que « 10 % environ de notre portefeuille obligataire arrive à terme chaque année ». En creux, cela signifie que malgré l’embellie dont bénéficient les marchés obligataires, les épargnants vont devoir attendre plusieurs années pour constater une remontée significative du rendement de leurs fonds euros…

Éviter une décollecte importante préjudiciable à tous

« Tout l’enjeu des assureurs vie est d’éviter aujourd’hui comme demain une décollecte trop importante, c’est-à-dire un volume de rachats qui les obligerait à vendre d’anciennes obligations à perte, source de moins-values. Une telle situation serait défavorable au secteur », fait remarquer Cyrille Chartier-Kastler, créateur de Good Value for Money, site spécialisé sur l’assurance vie et les placements financiers. Pour éviter ce scénario noir, il faut savoir que la loi a prévu la possibilité de restreindre temporairement la liberté des épargnants en limitant les retraits d’argent durant 6 mois maximum… Mais on n’en est pas là ! Et pour ne surtout pas en être là, les assureurs vie ont dans leur manche une carte intéressante : celle de la provision pour participation aux bénéfices (PPB) qui serait de « 71,5 milliards d’euros, soit environ 4,87 % des encours, toutes compagnies confondues », selon Cyrille Chartier-Kastler.

Un recours aux bénéfices mis en réserve

De quoi s’agit-il ? De bénéfices ayant été stockés en réserve (et donc non distribués les années où ils ont été acquis) pour pouvoir affronter les années où la conjoncture financière est compliquée. Cette PPB, qui varie d’un assureur à l’autre (les bancassureurs ont par exemple d’importantes réserves qui se sont constituées, entre autres, au détriment des taux servis sur leurs contrats…), doit de toute façon être redistribuée aux assurés, avec un différé de 8 ans maximum : « Elle a été faite pour ça, c’est-à-dire pour amortir le moment où le rendement net des actifs est inférieur au taux moyen des emprunts d’État à 10 ans, comme c’est le cas actuellement », souligne Guillaume Rosenwald, directeur général de MACSF Épargne retraite.

Une hausse des rendements qui devrait être contenue

En puisant dans cette réserve, « les taux 2022 nets de frais de gestion pourraient se situer entre 1,8 % et 2,6 % environ », selon Philippe Crevel, ce qui serait une bonne nouvelle pour les épargnants. Pour autant, pas d’illusions : cette redistribution, qui n’a rien de pharaonique, sera progressive, c’est-à-dire étalée sur plusieurs années. Et « elle ne fera pas la course avec l’inflation », selon Odile Ezerzer. Autrement dit, même avec une remontée graduelle et réelle des taux d’intérêts, l’épargne investie dans un fonds euros continuera de se situer en territoire négatif tant que l’inflation sera à un niveau élevé.

En arrière-plan, le rendement du livret A

Autre problème conjoncturel que les assureurs doivent gérer : la très grande forme du livret A dont la rémunération actuelle n’a jamais été aussi haute depuis de nombreuses années puisque désormais de 2 % nets d’impôt et de prélèvements sociaux. Et qui pourrait passer à 3 % en février prochain, compte tenu des paramètres de calcul de cette rémunération, c’est-à-dire au-delà des rendements des meilleurs fonds euros du marché ! De quoi donner du fil à retordre à certains assureurs, même s’il est vrai qu’il n’est pas raisonnable de comparer ces deux produits, tant leurs paramètres (plafonds des versements, frais, fiscalité…) et leurs horizons de placement sont différents. Pour autant, selon Philippe Crevel, « certains épargnants feront tout de même cette démarche. D’ailleurs le livret A capte déjà une partie de l’épargne destinée aux produits longs. Un couple avec 2 enfants peut ainsi placer sans risque et sans aucune taxation, plus de 100 000 € aujourd’hui à la fois sur des livrets A et des livrets de développement durable et solidaire ».

De nouvelles stratégies pour capter une épargne nouvelle

Face à cette conjoncture pour le moins inédite, certains assureurs pourraient être tentés, et c’est une bonne nouvelle, de changer leur fusil d’épaule et d’adoucir quelque peu les règles qu’ils ont eux-mêmes mis en place ces dernières années. Car au-delà d’une vague (inhabituelle) de rachats, qu’il s’agit à tout prix d’éviter, les assureurs doivent aussi continuer à engranger des fonds pour deux raisons. D’abord, pour que la collecte « nette » (c’est-à-dire le rapport entre les prestations versées du fait des retraits effectués ou du versement des capitaux-décès aux bénéficiaires et les primes reçues) reste positive. Ensuite, pour que leurs portefeuilles puissent être exposés plus vite à des taux qui ont beaucoup remonté, ce qui permettra ainsi d’en faire profiter plus rapidement la communauté de leurs assurés.

Plusieurs hypothèses sont aujourd’hui sur la table. La première, simple à mettre en œuvre et qui a le mérite d’être parfaitement compréhensible par tous les épargnants, serait « d’abaisser voire d’annuler les frais sur versements, car la garantie du fonds euros coûte désormais moins cher en fonds propres », souligne Guillaume Rosenwald. La seconde serait « d’abaisser les seuils d’éligibilité actuels aux fonds euros, souvent conditionnés à un investissement en unités de compte de 30 % ou de 40 % », anticipe Édouard Michot, président d’Assurancevie.com, qui indique « avoir d’ores et déjà des signaux en ce sens ». Pour mémoire, les contrats permettant de placer 100 % de son épargne sur leur fonds euros, comme Garance Épargne (Garance), Afer (Abeille Vie), Multi Vie (Mutavie) ou encore Actépargne 2 (La France Mutualiste) sont actuellement en nombre très restreint. La troisième pourrait être la réapparition des fonds de type eurocroissance dont le capital est certes garanti et dont le rendement est censé être supérieur à celui des fonds euros, mais dont la contrepartie est de pouvoir immobiliser son épargne au moins 8 ans…

Les rendements 2022, qui commenceront à être diffusés mi-janvier 2023, seront plus que jamais scrutés à la loupe.

26 novembre 2022

Superéthanol E85 : les aides prolongées

Certaines régions, comme l’Île-de-France, prolongent l’aide allouée pour l’installation d’un boîtier permettant aux moteurs à essence de fonctionner avec du superéthanol.

La région Île-de-France vient de voter le prolongement, sur toute l’année 2023, d’une aide à l’achat et à l’installation de boîtiers de conversion au superéthanol E85, proposée depuis le 1er juillet 2022. Les particuliers franciliens qui souhaitent convertir leur voiture essence au bioéthanol ont désormais jusqu’au 31 décembre 2023 pour faire poser, par un installateur agréé, un boîtier de conversion E85 homologué, avec le soutien financier de la région.

Cette aide forfaitaire de 500 € prend en charge une partie de la fourniture et la pose du boîtier de conversion homologué. Elle s’adresse aux particuliers ayant leur logement principal en Île-de-France, propriétaires de leur véhicule, dans la limite d’une aide pour un seul véhicule par foyer fiscal. L’objectif est de 30 000 boîtiers installés entre le 1er juillet 2022 et fin 2023, ce qui représente 15 millions d’euros d’aides.

La région Île-de-France n’est pas la seule à proposer une aide, quasiment toutes le font. Le site Bioéthanolcarburant recense sur une carte interactive les aides proposées par les régions (1). Attention toutefois, toutes les données ne sont pas encore à jour, les budgets n’étant pas forcément encore votés, ou pas encore annoncés sur le site. Il est donc judicieux de bien se renseigner directement auprès du site Internet de votre région afin de savoir si l’aide potentiellement allouée sera toujours en vigueur en 2023 et sous quelles conditions. De même, certaines mairies proposent une aide à leurs administrés jusque fin 2022. Là aussi, il faut se renseigner pour savoir si l’avantage sera prorogé en 2023.

(1) www.bioethanolcarburant.com

26 novembre 2022

Black Friday 2022 : les fausses promos ont toujours la cote

La directive européenne Omnibus a beau être globalement respectée, le consommateur n’a toujours pas l’assurance de faire de bonnes affaires pendant les périodes de promotions. Quelques exemples repérés sur des offres estampillées Black Friday.

Le Black Friday 2022 restera à jamais comme le premier placé sous le signe de la directive européenne Omnibus. Désormais, à chaque réduction de prix, le marchand est tenu de prendre comme prix d’origine le prix le plus bas qu’il a lui-même appliqué durant les 30 jours précédents. Cette mesure était censée limiter le nombre de fausses promotions constatées lors des Black Friday précédents. Sauf que dans la pratique, la situation est loin d’être complètement assainie.

Certes, à en croire les premiers relevés de l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir, les marchands semblent globalement respecter la nouvelle législation. Même s’ils ne l’indiquent pas tous clairement, la plupart prennent bien comme référence le prix le plus bas qu’ils ont eux-mêmes appliqué dans le mois précédent la baisse de prix. Pour autant, cela ne permet pas au consommateur d’être certain qu’il fait une bonne affaire. La preuve en 4 exemples (1).

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Si Darty indique de manière surprenante prendre comme prix de référence celui appliqué « au cours des 15 jours précédant l’opération », il a bien vendu cette enceinte à 369,99 € pendant un mois complet, comme le prévoit la loi. La réduction de 32 % affichée est donc bien réelle. Sauf qu’avant cette période, Darty avait déjà vendu cette enceinte à 238 €, soit moins cher que le prix promotionnel, et qu’en ce moment, on peut trouver cette même enceinte chez d’autres marchands au même prix de 249,99 €, sans réduction spécifique.

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Officiellement, le site Pulsat respecte aussi la loi. En effet, même s’il ne le précise pas clairement, le prix de référence est bien le prix le plus bas auquel le marchand a vendu ce sèche-linge dans le mois précédant la promotion. Sauf que là encore, ce prix d’origine ne correspond en rien à la valeur du produit. Pour preuve, ce sèche-linge a été vendu à moins de 500 € sur plusieurs sites durant l’été dernier.

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Chez Boulanger aussi, la nouvelle loi est respectée. Le marchand a bien vendu ce produit 299,99 € dans le mois précédent, plus précisément depuis qu’il a commencé à le commercialiser, le 27 octobre. Pour autant, à 199,99 €, le client ne fait pas une bonne affaire car cette même enceinte a déjà été vendue 150 € chez Cdiscount, 129 € à la Fnac et même 119 €, il y a 1 an, chez ce même Boulanger. Il y a quelques jours, elle était aussi disponible chez Amazon au même prix que Boulanger (199 €), sans réduction particulière.

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Voici l’une des rares offres qui ne semble pas respecter la nouvelle loi ! Elle a beau être estampillée Black Friday, la réduction est visiblement calculée à partir d’un « prix conseillé par la coopérative », ce qui est interdit. Toutefois, en pratique, cela ne change pas grand-chose car dans le mois précédent, E. Leclerc a bien vendu ce casque autour de 129 €. Mais il y a 1 an, ce même casque était proposé à 80 € chez Amazon et à la Fnac. Bref, à 59,90 €, c’est certes une affaire, mais pas aussi bonne que le laisse entendre le marchand.

Conclusion

Ces exemples montrent à quel point se faire une idée du prix normal d’un article est devenu difficile. Ils permettent aussi de se rendre compte que même avec cette nouvelle législation, une grosse réduction n’est pas forcément synonyme de bonne affaire. Mieux vaut donc continuer à se méfier des promotions et à toujours prendre le temps de comparer avant d’acheter.

Les prix de comparaison mettent le bazar

Comme si ça ne suffisait pas, les marchands ont inventé un nouveau concept : le « prix de comparaison ». Il s’agit d’un « prix conseillé par le fabricant », d’un « prix médian » ou d’un « prix moyen constaté » qui, selon eux, serait fourni à titre indicatif, dans l’unique but d’aider le consommateur à faire son choix. Dans la mesure où il ne sert pas à calculer le montant d’une réduction, il n’est pas soumis à la nouvelle législation. Le problème, c’est que les marchands présentent souvent ces « prix de comparaison » exactement comme des « prix de référence », barrés et parfois accompagnés d’un pourcentage de réduction. Si cette pratique est légale au regard de la loi et autorisée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), elle est surtout un bon moyen pour les marchands de continuer à manipuler comme bon leur semble leurs prix barrés.

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Toutes ces offres se ressemblent, et pourtant, seule la trottinette est en promotion ! On le sait grâce à la mention « Prix le + bas sur 30j ». Les autres prix barrés sont, selon le marchand, des « Prix de comparaison », qui ne sont pas encadrés.
26 novembre 2022

Biocides : bientôt interdits en libre-service ?

Une bombe antiguêpe, un diffuseur électrique antimoustique branché près du lit, un appât pour piéger les fourmis envahissantes…. Autant de produits qui pourraient bientôt disparaître des rayons en libre-service. Explications.

Qu’il s’agisse des insecticides, des gels hydroalcooliques, des produits de traitement du bois ou des antimites, des antiacariens, des répulsifs ou encore des désinfectants contenant de l’eau de Javel, toutes ces catégories appartiennent à la grande famille des biocides. Il s’agit ni plus ni moins de pesticides utilisés en agriculture, seul leur usage les différencie. Les pesticides sont répandus sur les végétaux, les biocides sont utilisés en intérieur pour l’entretien, en particulier dans les logements. Les substances actives n’en perdent pas pour autant leur toxicité, si bien que la publicité est déjà interdite pour la plupart des biocides, de même que leur vente en promotion ou par lots.

Dans un avis tout récent, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) propose de franchir une nouvelle étape pour mieux protéger la santé et l’environnement. L’Anses recommande d’interdire la vente en libre-service de certains d’entre eux, reprenant là un projet de loi de 2018 que les lobbies industriels étaient parvenus à faire capoter. Sont concernés tous les insecticides, tous les produits de lutte contre les rongeurs, de même que les peintures antisalissures pour coques de bateaux. Des catégories fort différentes, les deux premières étant très présentes dans les logements, tandis que la dernière est spécialisée. Mais à elles trois, elles cumulent les facteurs de risques.

Substances actives appelées à être interdites

Il y a d’abord les phénomènes de résistance, qui imposent une restriction d’usage sous peine d’une perte d’efficacité des produits. Ce problème concerne les substances actives de la plupart des insecticides et des produits de lutte contre les rongeurs. Les insecticides sont également responsables d’intoxications accidentelles graves, les rodenticides d’empoisonnements d’animaux non ciblés. Enfin, des substances actives de ces trois catégories sont appelées à être interdites et certains de leurs coformulants s’avèrent tout aussi préoccupants.

On ignore quand cette recommandation de l’Agence de sécurité sanitaire sera transcrite dans la réglementation, si toutefois elle résiste à la farouche opposition des industriels du secteur, mais au vu de la dangerosité de ce type de produits, mieux vaut limiter leur usage au strict nécessaire, voire y renoncer.

26 novembre 2022

Billet de notre Président national : fracture sanitaire, des médecins faussent nos analyses

Il y a deux semaines, l’UFC-Que Choisir a dévoilé sa cartographie de l’accès des usagers aux généralistes, ophtalmologues, pédiatres et gynécologues. Le diagnostic est sans appel : la proportion des déserts médicaux s’agissant des médecins aux tarifs de la sécurité sociale est alarmante, particulièrement pour les spécialistes. Notre étude a été très largement relayée dans les médias nationaux et locaux, et nos propositions visant à lutter contre cette fracture sanitaire ont été portées par de nombreux sénateurs dans le cadre des discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Si je ne peux que me réjouir que nos préconisations visant un pilotage plus efficace des installations pour lutter contre la fracture sanitaire fassent de plus en plus d’adeptes auprès des parlementaires, et que de nombreux médecins, à titre individuel ou dans le cadre d’associations de lutte contre les déserts médicaux, soutiennent le principe d’une régulation de l’installation, je déplore que certains syndicats de médecins et d’étudiants en médecine, s’arc-boutant sur la sacro-sainte liberté d’installation dont ils bénéficient, mènent une véritable cabale contre notre association sur les réseaux sociaux en évoquant de soi-disant « fake news » que nous propagerions… Je me dois de réagir aux attaques de syndicats corporatistes sur l’efficacité de notre proposition phare pour mettre fin à la fracture sanitaire : le conventionnement territorial des médecins.

En résumé, cette demande vise à ne pas permettre aux médecins – sauf cas tout à fait particuliers – de s’installer dans les zones où leurs confrères au tarif de la sécurité sociale sont déjà en nombre important. Pour les meneurs de la fronde contre notre association, cette mesure serait incompatible avec la situation de pénurie de médecins que nous connaissons, et la régulation de l’installation des médecins serait de toute façon inefficace, comme le prouveraient les résultats de régulations qui existent déjà pour d’autres professions médicales en France, ou les exemples étrangers.

Tout d’abord, c’est justement la situation de pénurie que nous connaissons qui justifie qu’on fasse tout pour réguler l’installation des médecins. On ne peut en effet pas compter sur une croissance exponentielle du nombre de médecins pour que des installations aient naturellement lieu là où l’offre de médecine est la plus dégradée. Dans un contexte de pénurie, de déserts médicaux largement étendus sur notre territoire, peut-on décemment accepter que les nouveaux médecins s’installent dans les zones où en proportion leurs confrères sont déjà nombreux ?

Ensuite, contrairement à ce que prétendent certains syndicats de médecins, la régulation des installations déjà à l’œuvre depuis 2012 pour les infirmières libérales, ainsi que pour les sages-femmes (à travers un dispositif conditionnant une arrivée à un départ dans les zones les mieux dotées) a largement contribué à renforcer l’égal accès à ces professions sur le territoire. Un récent article conclut ainsi que le zonage infirmier « a permis d’améliorer la répartition territoriale des infirmières libérales ». En outre, l’Assurance maladie souligne le fait que la répartition des infirmières et des sages-femmes libérales s’est améliorée entre 2016 et 2019, alors qu’elle s’est dégradée sur la même période pour les médecins généralistes.

Enfin, la régulation de l’installation des médecins serait un véritable échec dans les pays l’ayant mise en place… Cet argument a notamment été repris par le ministre-médecin de la Santé, François Braun, face aux sénateurs affirmant qu’il ne fallait « pas se tromper de traitement » et appelant à rejeter notre proposition de conventionnement sélectif, en s’appuyant notamment sur un rapport de la DREES de décembre 2021… Or, ce document de la DREES, tout en indiquant certes qu’il faut une politique globale, affirme au contraire que le bilan des expériences étrangères est plutôt positif : « Le résultat qui semble le plus positif est celui du Québec, où la régulation des installations est une des composantes d’une politique globale » indique-t-il. Je note également que la Cour des Comptes a également souligné que les politiques de pilotage des installations fonctionnent au Royaume-Uni ou encore aux Pays-Bas.

Alors que le gouvernement a de nouveau enclenché le 49.3 sur le PLFSS privant les députés, dont près d’une centaine soutiennent le conventionnement sélectif, d’un nouveau débat, j’espère quand même que le sujet reviendra rapidement devant le Parlement. Et que les Législateurs (gouvernement et parlementaires), plutôt que de céder aux sirènes du corporatisme, examineront avec objectivité les études et données sur le conventionnement sélectif… Car l’objectif est bien de faire primer l’intérêt majeur de la santé publique, qui commence par l’égal accès de tous aux soins !

Alain Bazot

Président de l’UFC – Que Choisir

26 novembre 2022

Menu végétarien à la cantine : les recettes pour gérer les effets indésirables

Un an après son entrée en vigueur, l’UFC-Que Choisir tire le bilan de la loi Climat qui impose un menu végétarien par semaine et autorise une alternative végétarienne quotidienne. Sur la base de l’analyse de 800 menus proposés cette année aux élèves, l’association montre qu’une mise en œuvre non maîtrisée de la loi augmente les risques nutritionnels, sanitaires, mais aussi le gaspillage. En conséquence, l’UFC-Que Choisir demande un renforcement du cadre réglementaire pour garantir la qualité des repas, ainsi que la généralisation de mesures efficaces pour limiter le gaspillage.

Les menus végétariens : un réel atout dans le cadre de la transition alimentaire

Après le transport et le logement, l’alimentation est le 3ème poste d’émissions de gaz à effets de serre (GES) et, à elle seule, la viande est à l’origine de 40 % des émissions alimentaires de GES. Les repas végétariens permettent de réduire cet impact environnemental, notamment dans la restauration scolaire que fréquentent 9,6 millions d’élèves (1,1 milliard de repas par an), puisqu’un repas scolaire végétarien émet 4 fois moins de GES qu’un repas comportant de la viande.

Un trop large recours aux produits industriels surexpose les enfants aux additifs et aux perturbateurs endocriniens

Notre analyse de près de 800 menus végétariens servis aux enfants (1) montre que la proportion de produits industriels est en moyenne plus élevée dans les établissements qui proposent quotidiennement un menu végétarien (35 % de plats industriels contre 23 % pour les autres cantines) et qu’elle peut atteindre jusqu’à 84 % dans certaines cantines. Or, ces produits sont généralement ultra transformés et contiennent de nombreux additifs dont certains sont pointés du doigt par les autorités scientifiques, tel que le dioxyde de silicium E551, suspecté de contenir des nanoparticules néfastes sur l’intestin, le rein et le foie, ou encore le phosphate de calcium E341 et le diphosphate de calcium E450 qui pourraient augmenter les risques cardiovasculaires.

Beaucoup d’entre eux sont élaborés à partir de soja, une source de composés soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens (phytoœstrogènes). Alors que le Conseil National de la Restauration Collective recommande aux cantines de ne pas servir plus d’un produit à base de soja par mois aux élèves, 22 % des cantines analysées dépassent ce seuil. Pire, pour les menus végétariens quotidiens, c’est en moyenne deux fois le nombre maximal recommandé.

La consommation de poisson menacée par le menu végétarien quotidien

Parmi les critères réglementaires sur l’équilibre nutritionnel, les cantines doivent proposer sur 20 jours au moins 4 menus à base de poisson (non pané) qui est un apport de vitamine D et l’unique source d’acides gras essentiels, insuffisamment consommés chez 90 % des enfants. Or, 50 % des cantines étudiées ne respectent pas cette obligation et la situation empire avec l’instauration du menu végétarien quotidien. En effet, avec la proposition d’une alternative tous les jours les experts soulignent que les enfants peuvent ne jamais consommer de poisson !

Les recettes pour que le menu végétarien n’accroisse pas le gaspillage alimentaire

Alors que le gaspillage alimentaire représente actuellement 121.000 tonnes par an, l’introduction non maîtrisée des menus végétariens accroît encore ces pertes coûteuses. En effet, les enquêtes montrent que les enfants apprécient peu le goût et la texture des produits végétariens industriels, quant aux cuisiniers, ils sont 79 % à reconnaître ne pas maîtriser les techniques de préparation de la cuisine végétarienne (2).

Or, les bonnes pratiques, recueillies par l’UFC-Que Choisir auprès de 21 experts, peuvent permettre de réduire nettement le gaspillage, jusqu’à 45 % par rapport à la moyenne nationale pour les cantines étudiées. Par exemple, en réduisant l’utilisation des plats industriels ultra-transformés et en sécurisant l’approvisionnement en ingrédients végétariens par le biais de partenariats avec des producteurs locaux (cuisine centrale de Bordeaux-Mérignac) ou en préparant des recettes inspirées de plats connus des enfants (lasagnes, chili, couscous, etc.) comme dans la Communauté d’agglomération de Redon (35) ou encore en associant les élèves via des « commissions menu » (collège J. Prévert d’Entrelacs – 73). Il est possible aussi d’adapter précisément les quantités des plats végétariens à chaque classe d’âge (la Couronne – 16).

Au vu des constats dressés, l’UFC-Que Choisir, promotrice d’une consommation responsable, demande :

  • Une application obligatoire des recommandations sanitaires pour limiter l’exposition des enfants aux phytoœstrogènes et le respect des obligations nutritionnelles dans la mise en œuvre des menus végétariens ;
  • Un cadre de formation aux spécificités de la cuisine végétarienne pour les équipes en charge de la restauration scolaire.

Télécharger l’étude

Notes

(1) Analyse de 779 menus servis dans 40 collectivités françaises, au regard du respect des critères réglementaires traduisant la qualité nutritionnelle et des impacts sanitaires potentiels.

(2) Panorama de la restauration scolaire après la loi Egalim – AMF – Décembre 2020.

26 novembre 2022

Moules en silicone : gare aux migrations dans les aliments

Pas étonnant que les moules en silicone aient conquis de nombreux foyers, leur facilité de démoulage a peu d’équivalents. Mais face à ce côté pratique indéniable, le silicone a la fâcheuse réputation de migrer dans les aliments. Test à l’appui, c’est trop souvent vrai.

Pas moins de 44 moules en silicone testés par Que Choisir et ses homologues européens, et sur ce total seulement 16 % qui ne migrent quasiment pas dans les aliments. Autrement dit, qu’on achète un moule en silicone sur Internet ou en magasin, il faut être sacrément chanceux pour tomber sur un modèle qui ne relargue pas de composants chimiques dans les aliments pendant la cuisson au four. Concernant les 29 références commercialisées en France, on arrive à 6 moules sans risques, soit seulement 1 chance sur 5 de tomber sur eux si on achète au hasard.

Faire confiance à une grande marque n’est pas non plus un gage d’innocuité. En effet, les moules en silicone Tupperware et De Buyer, deux marques réputées s’il en est, font partie des mal classés. Ils se trouvent dans la catégorie « à éviter », qui compte 9 moules pour notre territoire et 16 au niveau européen.

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Parmi les moules à éviter, ceux de Tupperware et De Buyer.

Néfastes pour la santé et l’environnement

L’autre catégorie très représentée, c’est celle des moules avec des substances à la toxicité inconnue ou préoccupantes pour la santé mais migrant en faible quantité. À titre de précaution, Que Choisir déconseille ces moules-là.

À l’inverse, dans la catégorie « à éviter », la migration est importante ou porte sur des substances classées cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, voire qui figurent sur la liste européenne des substances extrêmement préoccupantes, celles qui sont appelées à être retirées du marché tant elles sont néfastes pour la santé et l’environnement.

→ Les résultats de nos analyses sur 29 moules en silicone

26 novembre 2022

Pénurie de médicaments : au tour de l’amoxicilline

Sujet à des tensions d’approvisionnement depuis la crise du Covid, l’amoxicilline, un antibiotique d’usage courant, fait l’objet de restrictions afin de préserver les stocks. Les formes pédiatriques sont les plus touchées.

La situation est sérieuse. Un antibiotique d’usage courant, l’amoxicilline « fait l’objet de fortes tensions d’approvisionnement », rapporte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans une communication officielle. Sont essentiellement concernées les formes buvables destinées aux enfants, sous les noms commerciaux Augmentin et Clamoxyl. Mais les versions adultes sont également touchées.

Résultat, des consignes ont été passées aux médecins et aux pharmaciens pour limiter la prescription et la délivrance aux situations où les antibiotiques sont absolument nécessaires, c’est-à-dire dans les infections d’origine bactérienne (notamment angine avec test positif réalisé en cabinet ou en pharmacie, otite purulente, pneumonie, etc.). Les autres affections respiratoires courantes, présumées d’origine virale, n’ont pas besoin d’amoxicilline, ni d’aucun autre antibiotique d’ailleurs, pour guérir. Rhinopharyngite, bronchite, bronchiolite, otite inflammatoire, grippe, Covid, angine classique se traitent autrement, la plupart du temps avec du repos et du paracétamol pour la fièvre, avec là aussi des restrictions. La toux peut persister longtemps sans que cela soit un signe quelconque de gravité. En cas de dégradation, en particulier pour la bronchiolite, la grippe ou le Covid, une hospitalisation peut être nécessaire.

Médicaments à l’unité

Pour les rares cas où les antibiotiques sont justifiés, et s’il s’agit d’amoxicilline, les pharmaciens ont pour mission de coller au plus près des 5 jours de traitement dont on sait aujourd’hui qu’ils sont suffisants, y compris en dispensant les médicaments à l’unité. Reste que pour un sirop, le fractionnement promet d’être compliqué !

Le rationnement risque de s’étendre sur plusieurs mois, car la pénurie est durable, et mondiale. Elle est liée au ralentissement de la production d’antibiotiques au plus fort de la crise Covid, le redémarrage n’étant pas assez rapide pour satisfaire la demande et faire face au retour des affections hivernales courantes. Aucun stock n’est disponible à l’étranger pour amortir le choc, et la France a dû interdire l’exportation pour éviter que les fabricants et les grossistes ne fournissent au plus offrant. Le retour à la normale prendra du temps. La situation confirme les sombres prédictions de l’UFC-Que Choisir, et appuie la nécessité, non seulement de constituer des stocks suffisants, mais aussi de relocaliser la production des médicaments essentiels. Faute de quoi, les autorités en sont réduites à gérer la pénurie, comme aujourd’hui, en priant pour que la catastrophe soit évitée.

26 novembre 2022